Pantin : Le budget participatif mobilise les citoyens


La place de la Pointe, à Pantin.

Impliquer concrètement ses citoyens dans la vie politique locale. C’est le pari fait la municipalité de Pantin, qui a choisi d’opter pour un budget participatif. L’objectif ? Remobiliser les habitants autour d’initiatives concrètes.

« J’ai voté il y a plus d’un an, et il y a deux mois, on est revenu me voir. Ils m’ont demandé mon avis pour la pelouse synthétique ! » Moudi est en quatrième, il sort du collège Jean Jaurès. Il fait parti des 60 élèves qui ont voté, en 2021, pour le projet de réhabilitation du city stade de Pantin. C’est l’une des 16 propositions retenues sur les 162 suggérées par les habitants de la ville.

Remédier à l’absentéisme dans les urnes

Depuis 2015, plus de 200 initiatives de budgets participatifs ont été recensées en France. Près de 24 millions d’habitants sont concernés. Mais plus qu’un véritable moyen de modifier le territoire, d’apporter des solutions, il est perçu par ceux qui le mette en place comme une façon de remédier à l’absentéisme dans les urnes. A Pantin, en 2020, on comptait 64,05% d’abstention aux élections municipales. « Il y a un vrai désintérêt pour la politique locale. En mettant en place des projets concrets, portés par des citoyens, on se rend visible » affirme Laura Khizar-Haïat, chargée de mission au service démocratie locale de la ville de Pantin. Avec Inès, elles s’efforcent de se rendre sur le terrain : des centres de loisirs au « Vote caté » (un café gratuit en échange d’un bulletin de vote), elles récoltent deux tiers des 3 611 votes en sensibilisant directement ceux qui vivent à proximité des endroits visés par les investissements municipaux.

Le processus est parfois long. Les idées sont amenées au compte-goutte par n’importe quel citoyen résident à Pantin âgé de plus de 9 ans. Est ensuite étudiée la faisabilité de chaque suggestion : le budget, la durée de réalisation, autant de critères détaillés en interne avant d’être soumis au vote des citoyens. « Entre le moment où un projet est approuvé et sa finalisation, il peut s’écouler plusieurs mois, voire plusieurs années » admet-elle. Pour autant, impossible d’abandonner une idée déjà validée. « Il en va de notre crédibilité, de la confiance qui nous est accordée » confirme Laura. La ville de Pantin soutient actuellement une vingtaine de projets en cours, auxquels viennent s’ajouter seize nouveaux lauréats, élus samedi dernier.

Laura, chargée de mission au service démocratie locale de la ville de Pantin, pose avec l’une des affiches du budget participatif

70 000 euros débloqués grâce à une réflexion citoyenne place de la pointe

La place de la pointe, située à quinze minutes à pied de la mairie, est le dernier endroit à avoir bénéficier d’aménagements grâce au budget participatif. De grands pots, armaturés de fils métalliques, supportent des plantes grimpantes. Les cinq lettres de la ville, bleues, trônent en son centre. « C’est un peu coquet pour un 93 » juge Christophe, qui y déjeune tous les jours.  Coquet oui, mais pas seulement : ces plantations ne sont pas là qu’à titre décoratif. Elles sont le fruit d’une réflexion citoyenne, et ont été pensé dans le but de briser l’aspect « îlot de chaleur » qui rendait le lieu infréquentable l’été. 70 000 euros ont été débloqués par la mairie pour cet aménagement.  

Le premier projet voté en 2021 entièrement finalisé, avec l’aménagement et la végétalisation de la place

Utiliser la ville pour remobiliser les habitants autour de questions politiques

Chaque année, le budget augmente. En 2018, il s’élevait à 519 300 euros. 4 ans après, 80 000 euros supplémentaires ont été débloqués.  Alain Ananos, directeur général adjoint des services de la ville de Pantin, tente de l’expliquer : « A l’origine l’idée est politique. Il y a une crise en France, une crise de l’abstention. On a constaté que les élections municipales étaient celles qui recueillaient le plus grand taux de participation. Alors on s’est demandé comment utiliser notre ville pour remobiliser les habitants autour de questions politiques ». D’autres municipalités ont fait le même pari. Grenoble, Montreuil, Colombes… Depuis 2015, plus de 200 initiatives de budgets participatifs ont été recensées en France. Près de 24 millions d’habitants sont concernés. Gérard Afanou est professeur d’histoire et de géographie au collège Jean Jaurès. Il a suivi de près les ateliers de sensibilisation menés dans l’établissement. Selon lui, le budget participatif « fonctionne ». « C’est une idée qui responsabilise. On donne aux habitants la possibilité d’œuvrer ensemble dans leurs quartiers. Il y a une part d’utopie, la participation n’explose pas les records, mais elle a le mérite d’exister ».

Reste à mener à bien chaque projet, sans laisser l’enthousiasme prendre le pas sur la réalité : malgré son succès, à Pantin, la mise en place d’un budget participatif connaitra une pause en 2023. Un délai nécessaire pour permettre aux équipes de réfléchir à la meilleure façon de créer un engagement toujours plus important, et de finaliser chacun des projets précédemment lancés.

  • Pour en savoir plus :

Le site du budget participatif de la mairie de Pantin, où retrouver les projets en cours et à venir.


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