La COP27 s’est ouverte dimanche 6 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte. Les dirigeants de près de 200 pays s’y retrouvent pour discuter des mesures à prendre pour lutter contre le réchauffement climatique. De plus en plus de jeunes ne croient plus dans cet événement annuel.

« On est en novembre, il fait presque 20°C dehors, on sort avec une petite veste alors qu’il devrait faire froid. Ce n’est pas normal ! » s’inquiète Lucie, 20 ans.
C’est dans un contexte climatique préoccupant que la COP27 prend place. Le sommet s’ouvre en effet après la publication des trois volets tout particulièrement alarmants du sixième rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) au cours des années 2021-2022. Dans le même temps le monde a été confronté à un été des plus rudes, le plus chaud jamais enregistré en Europe. Selon le programme européen Copernicus, la température moyenne des mois de juin à août 2022 a dépassé de 1,34°C celle de 1991-2020 et de 0,4°C celle de 2021.
Face à l’urgence, l’action des dirigeants politiques et économiques est essentielle. Et l’action coordonnée de tous les États est nécessaire, les pays étant tous interdépendants dans la lutte contre le changement climatique. La COP27 réunissant tous les grands dirigeants de plus d’une centaine de pays, elle pourrait être déterminante pour le futur de la planète. Pourtant, elle n’est pas source d’espoir pour de nombreux jeunes engagés dans la préservation de l’environnement.
Des jeunes sans espoir
C’est le cas notamment de Lucie. « Comment croire en la COP ? Ça fait la 27ème quand même, et pas grand-chose n’a été fait. A chaque fois les objectifs sont revus à la baisse et même ceux qui sont revus à la baisse ne sont pas respectés. »

Pour Lucie, les COP sont surtout des réunions de dirigeants « qui se donnent bonne conscience, mangent bien et puis repartent ». La jeune femme déplore également que les pires scénarios du GIEC d’il y a quelques années soient devenus les meilleurs d’aujourd’hui. Pour elle, c’est le signe que les dirigeants politiques et économiques savaient, mais qu’ils ont fait le choix de fermer les yeux.
Pour Mathilde et Corentin, tous les deux âgés de 21 ans, le constat est le même. « Je n’ai pas trop d’espoir honnêtement » se lamente Mathilde. Pour elle, le fait que les mêmes sujets soient abordés à chaque fois montre que « rien n’est fait ». À côté d’elle, Corentin dénonce l’hypocrisie des dirigeants qui se rendent aux COP en jet privé alors que ce moyen de transport est le plus polluant. Le jeune étudiant en communication pense que les objectifs des COP sont difficilement tenables au vu du régime politique capitaliste dans lequel nous nous trouvons. Il préconise un changement de régime plus profond qui soit compatible avec le fait que les ressources de la planète ne soient pas infinies.
Des COP nécessaires mais insuffisantes
« Les COP sont importantes mais elles ne sont pas le seul moyen de faire changer les choses. » La cheffe de projet affaire publique au sein du Shift Project (think tank créé par Jean-Marc Jancovici sur la transition énergétique en France et en Europe) Emma Stokking porte un regard plus nuancé vis-à-vis des COP. Elle explique que les COP ont un rôle de pédagogie car quand elles se déroulent, les médias parlent davantage d’environnement et des questions climatiques ce qui « contribue à sensibiliser les esprits ».
Cependant, elle déplore que « les méandres de la diplomatie » et la complexité des décisions qui doivent être prises lors des COP ne soient pas compatibles avec l’urgence de la situation. La cheffe de projet regrette donc l’insuffisance des COP et comprend la désillusion des militants et des jeunes. « Au niveau des COP on est toujours en train d’ajuster les choses et je peux comprendre que les gens n’y croient plus et que les militants aient recours à des pratiques plus radicales et engagées. »
Emma Stokking place donc elle aussi peu d’espoir dans les décisions qui seront prises lors de la COP27. Le sommet se déroulera jusqu’au 18 novembre prochain.