Emmanuel Macron réunit ce mardi 8 novembre 2022, les représentants des 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France afin de les pousser à accélérer leur décarbonation. Pour le directeur du Think Tank The shift Project, spécialisé dans la lutte contre le changement climatique, l’enjeu industriel dans la question globale de la décarbonation en France est majeur.

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« Parmi les sources majeures d’émission de CO2 en France : il y a l’industrie. Même si on est un pays industriel en déclin ». Pour Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, spécialisé sur les questions de décarbonation, le plan de transformation de l’économie française (PTEF), déjà présenté à l’Elysée, permettrait à la France de sortir de la contrainte carbone.
Depuis la signature de l’Accord de Paris, la France s’est engagée, conformément aux recommandations du GIEC, à atteindre la neutralité carbone en 2050. Réussir la transition bas-carbone vers la neutralité carbone à l’horizon 2050, sans avoir recours à des crédits internationaux, implique, à l’échelle du territoire français, non seulement de réduire de moitié les consommations d’énergie dans tous les secteurs d’activité mais également de réduire au maximum les émissions non énergétiques.
Alors quelle est la place de l’enjeu industriel dans la question globale de la décarbonation de la France ?
« Avant toute chose, il faut faire la différence entre les « émissions domestiques », et les « émissions d’empruntes » (qui sont liées aux importations). » confirme Matthieu Auzanneau. Les « émissions domestiques » concernent les grands secteurs d’activité, et notamment celui de l’industrie.

Les émissions du secteur de l’industrie émettent plus de 400 millions de tonnes de CO2 (et les autres gaz à effet de serre). Ce qui représente environ 6 tonnes de CO2 par habitant
Selon The Shift Project, les 3/4 des émissions directes du secteur industriel en France viennent de 3 activités qui représentent chacune environ un quart du total du secteur : l’aciérie, la cimenterie et la chimie. Leurs propositions permettaient de viser, pour ces secteurs, une division par 5 à 10 des émissions à l’horizon 2050 en combinant avancées techniques (par exemple la séquestration du carbone dans la cimenterie) et la sobriété.
« La technique ne nous sauvera pas à elle toute seule » insiste le directeur de l’association. « Dans l’industrie, il se trouve que les activités industrielles sont parmi les plus faciles à décarboner car il existe des alternatives techniques pour l’acier et le ciment. Mais les leviers technologiques ne peuvent atteindre que 80% maximum du chemin de décarbonation à parcourir. Concernant la sobriété sur les volumes de production, c’est a minima 20% du chemin. Le problème est systémique et sociotechnique. »
C’est tout l’enjeu de la réunion de cette après-midi entre le Président de la République et les entreprises polluantes. Le directeur, présent lors de cette entrevue, tentera à nouveau de convaincre de la nécessité de cette sobriété sur les volumes de production. Le plan ? Selon Remy Babut, chef de projet secteur logement au Shift Project, il faut « réduire drastiquement la construction neuve des bâtiments, et rénover un maximum ».