
Fermer l’université plus longtemps, c’est la proposition faite par le président de l’Université Michel Deneken pour faire des économies. Cette mesure mise au vote au Conseil d’Administration de l’Université de Strasbourg ce mardi 8 novembre est vivement critiquée car elle impacte directement les étudiants strasbourgeois.
La rentrée prévue le 3 janvier devrait avoir lieu le 9 janvier. L’idée d’une semaine de fermeture administrative pendant les vacances de février a aussi été avancée, sans qu’aucun enseignement ne soit assuré en présentiel. Cette mesure a été annoncée dans une vidéo par le président de l’Université Michel Deneken pour « contribuer à la sobriété énergétique ».
Cependant cette fermeture n’a pas reçu le succès escompté. Elle est fortement critiquée par certains étudiants et syndicats qui lui reprochent d’alléger les frais de l’université en pesant sur le budget des étudiants.
« Ils foutent les étudiants dans la merde »
Guilhem, étudiant boursier, s’énerve contre cette mesure : « Ils foutent les étudiants dans la merde ». Cet étudiant en sciences politiques se dit chanceux de pouvoir rentrer chez lui pendant les vacances, mais il déplore le coût supplémentaire pour ses parents qui vont devoir « payer le chauffage pour quatre » pendant trois semaines. « Ce sont les ménages et les étudiants qui vont devoir dépenser plus d’argent, ça ne sert à rien » déplore-t-il.
Guilhem n’est pas le seul étudiant qui subit de plein fouet l’augmentation des prix de l’énergie. Selon l’étude « Précarités étudiantes : deux ans après rien n’a changé » publiée par l’association de lutte contre le gaspillage alimentaire Linkee, deux étudiants sur trois sont en situation d’extrême précarité une fois toutes leurs factures payées (logement, charges, abonnement de transport, internet et téléphonie). L’allongement des vacances de Noël risque de peser un peu plus dans le portemonnaie des étudiants.
Les syndicats inquiets
Immédiatement après les annonces de la présidence de l’Université, les différents syndicats avaient dénoncé la mise en place de cette mesure. Dans un communiqué conjoint, Solidaires Etudiant.e.s Alsace et Sud Education Alsace ont dénoncé « le prix social d’une telle mesure ».
« Combien d’étudiant.e.s se retrouveront de fait confiné.e.s dans des logements ou il est impossible de maintenir des températures décentes ou de dégager un réel espace de travail ? ».
Selon Rayaân, trésorier du syndicat Alternative et étudiant en physique, l’université justifie cette mesure avec les thèmes de l’écologie, mais il y a une question économique derrière. « Les étudiants vont payer les frais du manque de financement de l’université » déplore-t-il. Les résultats des étudiants risquent selon le syndicat de pâtir de cette décision. « S’ils ferment les BU personnellement je suis mal. J’ai des partiels avant et après et je n’arrive pas à travailler chez moi c’est trop petit. Et dans ma chambre CROUS encore moins ».
L’Association Fédérative Générale des Etudiants de Stasbourg (AFGES) n’est quant à elle pas fermement opposée à cette mesure, mais ne voit pas dans celle-ci « une solution pérenne » nous confie son Secrétaire Général Selim Azzi. L’association qui avait déploré le manque de communication de l’UNISTRA a réussi à empêcher le retour au distanciel et essaie actuellement d’obtenir la mise en place d’un plan d’aide pour les étudiants dans le but de « limiter les dégâts ».
La FAGE rejoint les syndicats locaux à propos de cette annonce. « La FAGE s’oppose totalement à ce que les universités soient fermées car ce sont encore les étudiants qui vont payer les pots cassés » dénonce Félix Sosso, leur porte-parole. « Fermer les universités, ça va entraîner des problèmes de suppression d’heures de cours, perturber les révisions, empêcher la tenue de partiels […] C’est une fermeture contrainte pour des raisons budgétaires. »
En attendant la possible validation de cette mesure par le Conseil d’Administration de l’Université, Solidaires Etudiant.e.s Alsace et Alternative Etudiant.e.s Strasbourg ont organisé ce mardi midi une Assemblée Générale et ont manifesté devant les locaux ou se tenaient la réunion.