
Emmanuel Macron reçoit aujourd’hui les dirigeants des 50 sites industriels français les plus polluants. Le chef de l’État souhaite rappeler ses objectifs de décarbonation de l’industrie en misant notamment sur l’hydrogène vert.
L’hydrogène vert, substitut aux énergies fossiles, est un vecteur d’énergie sur lequel le gouvernement mise pour sa stratégie de décarbonation industrielle. Pour devenir le leader de l’hydrogène, le gouvernement doit faire face aux défis que pose ce « gaz propre ».
Des ambitions face aux obstacles
L’hydrogène est un vecteur d’énergie pour l’industrie qui permet de produire de l’électricité. Aujourd’hui, 95 % de la production d’hydrogène en France émet du CO2 et est produite à partir d’énergie fossile. La décarbonation de ce secteur est une première étape pour permettre la généralisation de son usage de manière durable. La production d’hydrogène décarboné nécessite un procédé reposant sur les énergies renouvelables : l’électrolyse.

Il y a un an, le gouvernement tablait sur 9 milliards d’euros d’investissement alloués à la décarbonation, dont 2 milliards pour le développement de l’hydrogène vert dans le cadre du plan d’investissement France 2030. Un investissement qui vise à décarboner de manière soutenable et durable l’industrie comme le montre le rapport du Commissariat à l’Énergie Atomique.

Mais dans une étude sur l’hydrogène en France et en Europe, Inès Bouacida, chercheuse climat-énergie à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), souligne les inconvénients fondamentaux de l’hydrogène vert. Dans un entretien pour Libération en janvier, elle précise : « [l’hydrogène]est plus cher que l’électricité et possède une performance énergétique plus faible que celle de l’électricité ». Selon elle, l’aide financière publique est nécessaire « Sinon, l’hydrogène restera plus cher que les solutions fossiles ».
Devenir leader de l’hydrogène vert
Des entreprises françaises sont déjà en première ligne pour relever le défi de la production d’hydrogène vert et de sa distribution. C’est le cas de Lhyfe, start-up nantaise qui produit et fournit de l’hydrogène vert pour les industries et les transports. Dans l’émission « L’Invité.e Business », Matthieu Guesné, son fondateur, affirme que deux tiers du secteur industriel pourrait être décarboné grâce à l’hydrogène.

Beaucoup d’industriels ont conscience de l’échéance de 2050 pour la neutralité carbone. Ainsi, le PDG de Lhyfe insiste sur cette énergie comme solution d’avenir : « La demande en hydrogène vert va exploser dans les prochaines années ». Et c’est en effet ce qu’affirme Claire Waysand, économiste et secrétaire générale d’Engie sur FranceInfo « On a pas le choix, c’est une course contre la montre, (…) nous les industriels, nous avons une responsabilité importante. Pour y arriver, on sait bien qu’on a encore besoin de recherche et d’innovation pour réussir la transition énergétique au moindre coût ».
Afin d’accélérer le développement de l’hydrogène vert, le gouvernement mise sur une stratégie d’accélération dans le cadre de France 2030. La priorité n°1 inscrite dans cette stratégie est donc de faire émerger une filière française de l’électrolyse, « Il s’agit notamment de faire émerger en France des projets de « gigafactory » d’électrolyseurs ». Une action à laquelle la France réserve une dotation financière de 1,5 milliards d’euros.

Ce pari sur l’avenir reste fortement lié à la réglementation européenne et aux travaux collectifs organisés à travers la Clean Hydrogen Alliance créée par la Commission européenne. Une implication européenne qui « permettra de garantir la bonne articulation entre la stratégie française et les travaux menés au niveau européen ». Une coopération nécessaire pour atteindre les objectifs de décarbonation industrielle française.
Lucie Raynaud