Annonces de Renault : la voiture électrique, un choix qui satisfait les usagers ?


Renault a annoncé ce matin la production d’un million de voitures électriques d’ici 2031 dans le nord de la France. Si les ventes de véhicules 100% électriques explosent, tous les acheteurs ne sont pas séduits.

Source : Renault

« Les annonces d’aujourd’hui préparent l’entreprise aux défis futurs » : Renault a présenté ce mardi, par la voix de son PDG Luca de Meo, ses nouvelles ambitions pour la voiture électrique. Sa nouvelle filiale, baptisée Ampere, prévoit d’employer 10 000 salariés en France pour construire les Renault 4 et 5. Entre 2016 et 2021, le nombre de voitures électriques en circulation en France a été multiplié par 3 et les voitures 100% électriques ont même récemment dépassé les Diesel en termes d’immatriculation. Ampere devrait entrer en bourse l’année prochaine. Les moteurs thermiques sont quant à eux intégrés dans la filiale chinoise Geely. Mais Renault doit encore attirer des investisseurs, alors que ses finances restent fragiles à la suite de son retrait de Russie.  

La marque au losange a-t-elle vraiment raison d’augmenter sa production de voitures 100% électriques ? Derrière le succès affiché, plusieurs usagers rencontrés regrettent leur achat.  

Hugo, qui travaille dans la restauration de luxe dans l’Essonne, utilise souvent la voiture électrique de ses parents : « C’est d’abord pour le coût qu’ils ont acheté une électrique, la Renault Zoé. Avec les aides de l’Etat et la hausse du prix de l’essence, c’était vraiment moins cher que d’acheter une thermique, même d’occasion. On a fait nos calculs. » En octobre, Emmanuel Macron a en effet annoncé la hausse du bonus écologique de 6000 à 7000 euros pour les foyers les plus modestes. 

L’écologie au coeur du passage à l’électrique

La conscience écologique pousse aussi beaucoup de Français à abandonner leurs véhicules polluants. La voiture électrique ne produit ni gaz à effet de serre, ni particules fines quand elle roule. C’est ce que défend Renault sur son site internet : “Même selon le pire des scénarios, un véhicule électrique émet 22% de CO² de moins que son équivalent diesel, et 28% de moins que son équivalent essence.” C’est principalement la fabrication des batteries qui pose encore problème. 

Mais une fois leur véhicule acheté, les usagers ont parfois de mauvaises surprises. A l’instar d’Hugo : « La voiture promettait 350 kilomètres d’autonomie. Mais en vrai, on est plutôt aux alentours des 250, surtout en été avec la climatisation ou le chauffage l’hiver. Et c’est parfois très compliqué de trouver des bornes de recharge. J’ai fait Paris-Reims la semaine dernière, soit 150 kilomètres. Une fois arrivé là-bas, je n’avais presque plus de batterie et il y avait très peu de bornes, j’ai vraiment eu du mal à la recharger. »  

Anticiper chaque trajet, une obligation pour la recharge

En France, selon l’AVERE (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique), il y a plus de 50 000 bornes de recharge. Mais l’Hexagone ne se place qu’au 17ème rang européen avec 1 borne pour 12 voitures. C’est le problème que rencontre Adeline, qui parcourt 130 kilomètres chaque jour pour aller travailler. D’abord réticente, elle a finalement acheté 2 voitures électriques cette année, des Tesla Y et 3 : « On a une charge à la maison mais nous nous sommes posés des questions avec mon mari pour partir en vacances. Maintenant, l’une de nos contraintes principales est d’avoir assez de bornes sur notre lieu de vacances. Nous voudrions aller en Corse cet été mais ça risque d’être compromis. » 

Pourtant, le mois dernier, Renault a annoncé la création d’un réseau de bornes ultra rapides et utilisables par les véhicules de n’importe quelle marque. A Valenciennes, Emmanuel, propriétaire d’une Twingo ZE, ne s’attendait pas à certains problèmes : « Je dois nettoyer les prises de ma voiture très régulièrement, elles prennent l’eau quand il pleut, le service après-vente m’a dit qu’il y avait un problème d’isolation sur certains modèles. »  

Mais la déception d’Emmanuel ne s’arrête pas là : « Je ne trouve pas avec l’électrique le même plaisir de conduire. Je suis un grand fan d’automobile et le vrombissement du moteur me manque. » 

Cependant, malgré la déception éprouvée par de nombreux usagers, peu envisagent de repasser au thermique. Pour Adeline, « Le changement climatique est un défi tellement immense à relever qu’il faut bien qu’on fasse quelques compromis ! » La “révolution” promise par Renault devra donc composer entre les automobilistes encore réticents et ceux déjà déçus de l’électrique.  


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