Les entreprises automobiles à l’épreuve du financement de leurs filiales électriques  


Ce matin, le groupe Renault a annoncé l’introduction en bourse de sa filiale électrique au second semestre 2023. Une stratégie de financement novatrice imposée par les coûts colossaux qu’engendre le développement de l’électrique.  Des nouveaux impératifs financiers qui obligent les constructeurs automobiles à prendre des risques et à diversifier leurs financements.   

Pour financer sa “Renaulution”, le constructeur automobile français a annoncé mardi 8 novembre l’introduction en bourse d’Ampere, sa filiale électrique, au second semestre 2023. Un moyen de financement rare et audacieux pour l’entreprise qui ambitionne de produire un million de véhicules électriques dans l’Hexagone en 2031 grâce à la création de 2 500 postes. 

Pour Taimaz Szirniks, journaliste économique spécialiste du secteur automobile, ce choix de financement est un « pari risqué » pour la firme. « Si le marché ne reconnaît par la valeur de sa filiale, vous flambez le capital pour rien », explique-t-il avant de rappeler que les conditions actuelles du marché restent difficilement prévisibles. Alors pourquoi ce choix ? « Les entreprises automobiles ont du mal à trouver de l’argent », indique le spécialiste de l’industrie automobile.  

Si Renault fait le choix de la bourse, c’est que les investissements nécessaires au développement de la voiture électrique sont titanesques. Nouvelles technologies, batteries, développement de modèles…ces éléments coûtent chers à mettre en œuvre et à produire.  Initiée par l’entreprise américaine Ford, cette méthode de financement avait déjà été éprouvée en septembre dernier par Volkswagen. Le groupe allemand avait introduit Porsche en bourse avec succès, obtenant une valorisation dépassant les 75 milliards d’euros. Cette stratégie lui avait permis d’empocher plus de 9 milliards d’euros, censés financer la transition du fabricant vers la voiture électrique.  

La success-story Tesla  

Pour autant, la bourse n’est pas le seul moyen de financer la filière électrique.  Tesla, une entreprise pionnière en matière d’électrique, avait de son côté opté pour une ouverture aux investisseurs privés. Bénéficiant d’une image particulièrement positive auprès des investisseurs, l’entreprise d’Elon Musk était parvenue à lever une grande quantité d’argent. « La marque représentait pour les investisseurs le futur de la voiture », confirme Taimaz Szirniks. Sans produire de grands volumes, Tesla a su s’imposer en proposant de nouvelles technologies.  

Un marché d’avenir  

Selon une récente dépêche de l’agence de presse Reuters, les principaux constructeurs automobiles prévoiraient de « dépenser près de 1200 milliards de dollars US d’ici 2030 ». Des investissements massifs imposés par des normes grandissantes en matière de neutralité carbone. L’entreprise Volkswagen ambitionne d’investir à elle seule 100 milliards de dollars pour développer et produire de nouveaux modèles de voitures électriques. 

Ces investissements sont à la hauteur de la croissance que devrait connaitre la voiture électrique dans les prochaines années. Selon le Réseau de Transport d’Electricité, le parc automobile français comptera 16 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables d’ici 2035, soit 16 fois plus qu’aujourd’hui. Une croissance précipitée par le récent vote du Parlement européen en faveur de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.


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