Renault : Les voitures électriques ne font pas encore l’unanimité


Avec la création de la nouvelle filiale Ampère, Renault sort le grand jeu pour redresser l’entreprise. Entre les files de voitures qui s’étendent à l’entrée des stations-services et le prix du carburant en augmentation, la voiture électrique semble répondre aux problématiques du moment. Pourtant, les consommateurs sont frileux à l’idée de se laisser tenter par le 100% électrique.

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Renault promet une « révolution ». Le constructeur automobile a présenté le mardi 8 novembre son projet de faire entrer ses voitures électriques en Bourse de Paris « au plus tôt au second semestre 2023 » afin de financer ce coûteux projet. Renault compte partager les activités de ses moteurs motorisation thermiques avec le groupe chinois Geely.

La nouvelle filiale électrique de la marque nommée Ampère rassemblera 10 000 salariés en France pour produire un million de véhicules électriques d’ici 2031.
La nouvelle filiale vise plus de 30% de croissance annuelle dans les huit prochaines années et 10% de marge en 2030 contre 4,7% pour le groupe Renault au premier semestre 2022.

Les finances du groupe automobile sont fragilisées. Avec ce nouveau projet, Renault vise une marge opérationnelle supérieure à 8% au niveau du groupe en 2025 et supérieure à 10% en 2030. Pour rappel, Renault se remet à peine d’une perte financière conséquente due à la pandémie de COVID-19 ainsi que le retrait de Dacia en Russie au printemps dernier. Entre pénurie d’essence et urgence climatique, l’essor des voitures électriques sur le marché bat son plein mais la vente de ces véhicules paraît presque anecdotique.

Les voitures électriques, un réel succès ?

Bertrand à ouvert son garage automobile « Classe auto 92 « en 2015 à Bois-Colombe. Il dispose de plusieurs voitures électriques à vendre, mais sans succès d’achat « j’ai une mini électrique depuis 2 mois et je n’ai eu aucune offre dessus, je ne compte pas proposer de nouveau des voitures électriques à la vente si celle-ci ne part pas », explique-t-il.

L’union européenne s’est fixée comme objectif d’arrêter la vente de voitures thermiques en 2035. Des « zones à faible émission » (ZFE), qui empêchent progressivement les voitures les plus polluantes de circuler dans certaines zones, sont en train d’être mises en place dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants. « Même si des aides sont mises en place à hauteur de 100 euros par mois pour la location de véhicules électriques (système de leasing) ça ne change pas grand-chose sur l’augmentation des demandes de voitures électriques au sein de ma clientèle » poursuit Bertrand.

Le consommateur européen n’est pas prêt à se lancer dans le « 100% électrique » comme l’affirme Emmanuel Macron dans un entretien avec les Échos.

Moins de 1% des français roulent au tout électrique 

Source : Le Monde / Parc automobile français au 1er janvier 2021, par source de motorisation, en %

Selon Carole Henaux chercheuse spécialisée sur les questions de motorisations électriques hautes performances à l’université de Montpellier, il y a plusieurs problématiques concernant les voitures électriques « le manque d’infrastructure de borne de recharge, la toxicité des matériaux utilisé comme le lithium ou encore le problème d’autonomie du véhicule et son prix ».

Dans un rapport publié par l’adem (Agence de la transition écologique) sur les voitures électriques, il est souligné que « si l’électrification du parc est l’un des leviers incontournables pour atteindre la neutralité carbone en 2050, elle n’est pas suffisante pour que cette transition soit pleinement efficace aux plans environnementaux, sociaux et économiques. » L’agence met en avant la nécessité « d’une offre de véhicules plus petits, plus sobres et plus abordables […] pour une adoption massive des véhicules électriques par le plus grand nombre. »

Le constructeur français compte également rétablir un dividende en 2023, alors qu’il n’en a pas versé à ses actionnaires depuis 2019. « On ne connaît pas encore la stratégie de Renault ni quelle gamme de véhicules électriques ils vont mettre en avant » précise Carole Henaux. Pour la spécialiste, « il n’est pas viable d’investir dans les gros SUV. L’État devra plutôt cibler le leasing sur des voitures comme une Renault Zoé et se concentrer sur la taille des batteries qui devra être de moins de 60 kWh.» Renault entend par ailleurs porter l’actionnariat salarié à 10% du capital en 2030. L’entreprise se lance donc dans un projet innovant, ne reste plus qu’à convaincre les consommateurs de sauter le pas.

CHIROUDA Maeva


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