Depuis ce matin, les travaux de construction de la mégabassine de Saint-Soline, fortement contestés par les militants écologistes et par les agriculteurs, ont repris. Ils avaient été interrompus pendant dix jours après la mobilisation des 29 et 30 octobre dernier. En attendant la prochaine journée de manifestation dans les Deux-Sèvres (79), le collectif « Bassines Non Merci » appelle à une « opération téléphonique collective ».

Interpeller au téléphone les entreprises qui construisent la bassine : c’est l’objectif de l’action relayée par le collectif « Bassines Non Merci ». Alors que les forces de l’ordre ont évacué le rassemblement et les campements sur le site de Sainte-Soline, les associations et collectifs militants se mobilisent à distance cette semaine. Bassines Non Merci a publié sur son site et sur les réseaux sociaux une infographie relayant les numéros de téléphone, adresses email et localisation des entreprises impliquées dans le projet de construction de la bassine. Le collectif appelle les opposants au projet à les appeler tout au long de la semaine. D’autres collectifs l’ont relayé, comme Les Soulèvements de la terre ou Extinction Rébellion.
La cible principale des appels est la Coop de l’eau 79, en charge de la maîtrise d’ouvrage sur le chantier, propriétaire des bassines et commanditaire des travaux. En plus des entreprises de construction (la CAGC, ou encore Charpentier TP), on trouve les contacts des fournisseurs de matériau et des entreprises de surveillance.
Les militants écologistes n’ont plus qu’à décrocher leur téléphone. L’action, peu couteuse en temps et en moyens, a été relayée et suivie. « Depuis lundi, on est assommés par les coups de téléphones », raconte la standardiste de la Coop de l’eau 79. « C’est fatiguant. On va finir par arrêter de répondre. »
Les entreprises font la sourde oreille
L’efficacité de l’action est plutôt limitée. Si ses détracteurs crient au « harcèlement » sur les réseaux sociaux, face aux appels à répétition les entreprises n’ont qu’à faire la technique de la sourde oreille. C’est la stratégie adoptée par la CACG, une entreprise spécialisée dans la gestion de l’eau et dans la transition énergétique, qui gère la maintenance des bassines sur le chantier. « A la com’, on ne répond plus à aucune questions sur les travaux. Non, vraiment, sinon on s’en sort plus », confie le standardiste du service de communication. Certaines jouent la carte des lourdeurs administratives et renvoient interminablement les appels vers d’autres numéros. D’autres raccrochent tout simplement au nez de quiconque leur parle de Sainte-Soline.
Ainsi, l’opération téléphonique semble avoir eu davantage pour effet d’ennuyer les standardistes des entreprises que de ralentir les travaux, puisque ceux-ci ont repris ce matin. Les militants ne sont pas dupes, et s’attendent à ce que l’action de cette semaine n’ait peu ou pas de résultats. Pour Muriel, ancienne présidente d’Attac 79, le but de l’action est « surtout de faire en sorte que les gens restent mobilisés en attendant la prochaine manifestation ».
En fin de semaine, le collectif « Bassines non merci » diffusera la date la prochaine mobilisation « IRL ». La dernière en date, les 29 et 30 octobre, avait abouti à l’interruption des travaux pendant près de dix jours. Les forces de l’ordre l’avaient cependant fortement réprimée. En attendant le prochain rassemblement, les standards téléphoniques des entreprises vont continuer de sonner.