
Emmanuel Macron s’est rendu mercredi 9 novembre à Toulon (Var) sur un bâtiment militaire en rade pour présenter la nouvelle Revue stratégique de la France. L’occasion pour lui d’annoncer la fin officielle de l’opération anti-jihadiste Barkhane au Sahel.
Clap de fin pour l’opération Barkhane. Emmanuel Macron, présent à Toulon pour détailler la nouvelle Revue stratégique nationale, a annoncé la fin de l’opération militaire au Sahel. « Nous n’avons pas vocation à rester engagé sans limite de temps dans des opérations extérieurs » a-t-il affirmé. Cette annonce ne marque pas pour autant de changements fondamentaux dans la stratégie française sur le continent Africain.
Porte de sortie
Au commencement de Barkhane, en 2013, 5500 soldats étaient déployés dans la région du Sahel. Mais la fin de l’opération, que vient d’officialiser le chef de l’Etat, ne signifie pas le retrait total des troupes dans cette région du monde. Aujourd’hui, 3 000 soldats français sont encore présents au Niger, au Tchad et au Burkina Faso.
La fin de Bakhane, c’est surtout le retrait des troupes françaises au Mali. Les coups d’Etat successifs d’Ibrahim Boubacar Keïta et d’Assimi Goita, le prolongement du gouvernement de transition malien pour 4 ou 5 ans, les nombreuses tensions générées par la présence des mercenaires Wagner sur le terrain : une porte de sortie pour Emmanuel Macron qui annonçait le retrait des troupes françaises au Mali en février 2022.
« Notre soutient militaire aux pays de la région se poursuivra mais selon des nouveaux principes » a précisé le président à Toulon. Un propos à nuancer pour Laurent Larcher, journaliste chargé de la rubrique Afrique de La Croix. « C’est un discours qui était déjà tenu par François Hollande et sa conseillère Hélène Le Gal, en 2012. L’idée d’être sur le terrain pour appuyer, aider, mais pas pour faire la guerre. »
En amont de la conférence, l’Elysée a annoncé vouloir réduire « l’exposition et la visibilité » des forces militaires françaises en Afrique. Ainsi, aucun nom officiel ne sera donné au déploiement des militaires Français dans ces pays. Une façon de rendre l’opération moins solennelle.
Cette volonté de discrétion s’explique en partie par l’hostilité des populations locales à l’égard de la France. Depuis l’arrivée des troupes Wagner en Afrique de l’Ouest, les tensions sur le terrain s’intensifient. En avril 2022, la France avait notamment dénoncé les agissements des mercenaires Russes, qui avaient enterré des charniers près de la base militaire de Gossi au Mali, lors du retrait des troupes françaises. Le Mali avait alors accusé l’armée française d’espionnage et de subversion.
Nouvelle stratégie d’ici 6 mois
Depuis Toulon, le chef de l’Etat a également affirmé que les troupes françaises se concentreront sur « la coopération et l’appui ». Plus question pour les soldats d’agir sans les armées nationales des territoires africains. Pour résumer, il s’agira pour la France de déployer un « dispositif plus léger et plus intégré », où les soldats feront de l’accompagnement et de la formation.
Afin de formaliser l’ensemble de ces annonces, le président de la République a annoncé une phase d’échange avec les Etats africains concernés et les organisations régionales pour établir une nouvelle stratégie commune d’ici 6 mois. Pour le chef de l’Etat, l’objectif est de « bâtir une organisation et des instruments communs de soutien aux armées de la région ».