Hôpitaux publics : des revendications nombreuses mais une grève impossible


La CGT Santé et Action sociale appelle les personnels soignants à se joindre à la grève interprofessionnelle ce jeudi 10 novembre. Pourtant, même si leurs revendications sont nombreuses, leurs moyens de faire grève sont limités.

« On ne peut pas faire grève, même si on est en colère », s’indigne Corinne, puéricultrice et représentante de la CGT Santé. La Fédération de la Santé et de l’Action sociale de la CGT a déposé un préavis de grève dans « les établissements sanitaires et sociaux, médico-sociaux de la fonction publique hospitalière, l’Établissement français du Sang et les Établissement de santé privé d’intérêt collectif ». Le syndicat revendique notamment « des embauches suffisantes pour répondre aux besoins et aux obligations des services ainsi que des augmentations de salaire en rapport avec leurs responsabilités et la charge de travail demandée. » Cependant, dans les hôpitaux publics, la plupart des soignants n’ont pas la possibilité de se mobiliser. Le manque d’effectifs en est la cause.

La CGT appelle massivement à la grève sur les réseaux sociaux

« Plus personne ne peut faire grève. »

Une enquête réalisée par la Fédération Hospitalière Française entre avril et mai 2022, révèle que 99 % de l’ensemble des hôpitaux et EHPAD publics rencontrent des difficultés faute de personnels suffisant. En île de France, 1 000 postes d’infirmiers sont vacants et 18 % de lits fermés dans les hôpitaux publics, selon la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Afin d’assurer la permanence des soins en cas de grève, le directeur d’un établissement hospitalier peut assigner un agent gréviste à reprendre son service. « Aujourd’hui, on est en effectif réduit toute l’année, donc plus personne ne peut faire grève, tout le monde est assigné », explique Sandrine Lux, infirmière à l’hôpital de Saverne.

La seule solution qu’elle a trouvée pour pouvoir être comptabilisé parmi les grévistes alors qu’elle est assignée, est de se déclarer en grève et de travailler une heure sans être payé. Évidement, ce n’est pas une option pour tout le monde. Par ailleurs, à l’hôpital de Saverne, il faut l’annoncer à la direction « mais quand tu arrives à ton poste, tu ne penses pas à ça, on a déjà assez de travail et de choses à penser », affirme Sandrine.

Malgré le manque de personnel dans la plupart des hôpitaux publics, certains services sont au complet et la grève reste possible. C’est le cas notamment du service de médecine nucléaire du Nouvel Hôpital Civil, à Strasbourg. « On est souvent quatre à être assignés et quatre autres ont donc la possibilité de faire grève. », déclare Sarah Meyer, manipulatrice en électroradiologie au Nouvel Hôpital Civil. Ils ont également la possibilité de faire grève une heure sans perte de salaire, mais préfèrent y renoncer. « Si on fait grève, nos collègues sont dans la misère pour continuer à bosser pendant ce temps, on aura du retard et la journée sera encore plus difficile. », explique Sarah, résignée.

Pour Corinne, la revendication principale des soignants n’est pas le salaire, mais l’impossibilité de concilier vie personnelle et professionnelle, « c’est ça qui détruit la profession », affirme-t-elle. C’est en partie pour cette raison que de plus en plus de jeunes diplômés préfèrent se tourner vers l’intérim. Aujourd’hui, 25 000 infirmiers ont un contrat de ce type qui offre une plus grande flexibilité d’horaire et un salaire plus élevé.


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