Football féminin. France – Canada : Où sont les supporters ?


Ce mardi soir, pour leur deuxième match amical de préparation au Mondial ,les Bleues affrontent le Canada dans un stade à moitié plein. Le sélectionneur Hervé Renard déplore un manque d’affluence et appelle les supporters à se mobiliser.

« Je ne suis pas satisfait, on n’a pas réussi notre progression », lance amer Hervé Renard, sélectionneur des Bleues en conférence de presse. Pour leur deuxième match de préparation au mondial de football 2023 ce mardi soir, l’équipe de France de football féminine affronte les championnes olympiques canadiennes dans un stade du Mans rempli qu’à moitié. « J’ai entendu dire qu’il y aurait entre 10 000 et 12 000 spectateurs, alors que le stade fait 25 000 places», fustige-t-il.

Un échec partagé par Richard Farjot, président du club de supporters des équipes de France féminines Ang’Elles. « Il y a un vrai problème de communication, lance-t-il. Pas de médiatisation des matches, pas d’organisation pour les déplacements de supporters. » 

Rendre les rencontres plus accessibles 

France Ang’Elles, émanation d’OL Ang’Elles, est le principal groupe de supporters des Bleues. « On est seuls à notre niveau, pointe Richard Farjot, nous organisons nos propres déplacements, on est obligés de tout gérer de A à Z. » Ce dernier critique un manque de diversité dans la localisation des matches, qui se jouent pour la plupart sur un axe Paris-Strasbourg-Le Mans. « Ça ferme la porte à des supporters d’une autre zone géographique et ça rend compliqué l’organisation des déplacements », détaille-t-il. Pour tenter de contrer les tribunes vides, le sélectionneur des Bleues Hervé Renard lance un appel au public : « S’il y en a qui n’ont rien à faire demain soir, ça serait bien qu’ils viennent. Merci ! » 

Pour rendre le football féminin attractif « les médias ont un rôle à jouer » 

Attirer les supporters de façon constante dans les stades est un véritable défi pour que le foot féminin arrive à se développer. Vendredi dernier, pourtant, l’équipe de France a battu la Colombie (5-2) à Clermont-Ferrand, au Stade Gabriel-Montpied. 11 000 spectateurs étaient réunis dans les tribunes, faisant pratiquement le plein. En avril 2022, pour la finale de la ligue des Champions entre le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais, 43 000 personnes s’étaient déplacées au Parc des Princes. Un record pour un match de clubs de football féminin en France. 

« Les grands matchs de Ligue des champions sont un peu à part. Ce sont des affiches entre des équipes qui ont un budget important et sont très professionnalisées. Elles arrivent à attirer du monde font parler d’elles dans les médias, mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt », analyse le sociologue du sport Nicolas Delorme pour Libération.

L’arrivée d’Hervé Renard à la tête des Bleues, un « bon point »

Dans une lettre intitulée « Respectons et considérons le football féminin en France » et publiée début janvier, Nathalie Querouil, monteuse vidéo à Footeuses, le média en ligne 100% féminin, critique aussi la diffusion des matches sur les antennes Canal +. Les retransmissions sont « inacceptables pour l’image que l’on veut représenter de la pratique du football féminin en France », fustige-t-elle. Footeuses pointe surtout « l’absence d’une vraie politique en faveur du développement du football féminin qui se fait quotidiennement ressentir .»

« Ça passe évidemment par une meilleure médiatisation », approuve le président de l’association France Ang’Elles. « Aujourd’hui, très peu de journalistes sportifs s’y connaissent en football féminin, déplore-t-il. Pendant les matches à la télévision, on bug sur le nom des joueuses, il y a une mauvaise retransmission », s’indigne-t-il. La faute selon lui à non-médiatisation des championnats amateurs. « Il faut rendre le football féminin attractif en développant la diffusion des rencontres de première division pour que les clubs puissent évoluer. »

Le club de supporters des Ang’Elles voit du bon oeil le coup de gueule d’Hervé Renard, arrivé récemment à la tête des Bleues. « C’est une personne qui ose dire les choses, qui n’a pas peur de dire quand ça va pas, apprécie Richard Farjot. Maintenant les instances doivent suivre, les médias surtout. On peut faire bouger les lignes. »  Pour autant, la Coupe du monde féminine prévue cet été, n’a toujours pas trouvé de diffuseur en France.

Alicia Girardeau