Le bois, nouvel eldorado de la construction


À l’instar du Grand Palais Ephémère, les batiments publics articulés autour de structures en bois sont de plus en plus nombreux. (LP/Eric Le Mitouard)

Plébiscitée, la filière bois joue un rôle de plus en plus important dans l’industrie et l’économie française. De passage en Alsace ce mercredi, le président Emmanuel Macron en a profité pour visiter l’entreprise Mathis à Muttersholtz, spécialisée dans la conception de grands bâtiments en bois. 

Soucieux de reprendre contact avec les Français, passablement échaudés par la réforme des retraites, Emmanuel Macron était de passage en Alsace ce mercredi. Un rendez-vous sous haute tension débuté par la visite d’un géant de la filière du bois, l’entreprise Mathis à Muttersholtz. 

Un marché en plein essor. L’utilisation de ce matériau dans la construction ne cesse de progresser. En 26 ans de carrière chez Mathis Construction Bois, le dessinateur et concepteur industriel Dominique Schwalm a vu la demande changer. “Le bois, c’est un peu devenu le nouveau béton, c’est très à la mode, constate-t-il. Les collectivités et les régions sont demandeuses”. 

EFFET DE MODE

Spécialisée dans la conception de grands bâtiments à base de charpentes, d’ossatures et de panneaux massifs en bois, la société Mathis a été sollicitée à plusieurs reprises pour des chantiers publics ces dernières années. Elle a pris part, entre autres, à la construction du Grand Palais Éphémère de Paris, de L’Arboretum de Nanterre (125 000m² de bureaux et services presque entièrement conçus en bois) et à l’élaboration du village et du grand bassin des Jeux Olympiques 2024.
Dans le futur village olympique, 100% des immeubles de moins de 28 mètres auront une ossature en bois. 

Le bois présente plusieurs avantages, poursuit Dominique Schwalm. La méthode de construction est plus efficace, avec un assemblage et un démontage rapide, la durée de vie est plus longue et c’est rentable au niveau des émissions de carbone.” Interrogé par Les Echos le 23 février 2023, le PDG Franck Mathis insiste sur ce dernier point : “Le bois stocke le carbone pendant sa croissance. Là où les matériaux traditionnellement utilisés dans le bâtiment, comme le béton, en produisent au cours de leur fabrication”. 

La transformation du produit est peu énergivore, au point que les constructions en bois pourraient faire office de puits de carbone. Une étude, publiée sur IOPScience en 2020, démontre que les nouveaux bâtiments européens construits entre 2020 et 2040 pourraient séquestrer 420 millions de tonnes de dioxyde de carbone au cours des 20 prochaines années. L’équivalent des émissions de 108 centrales au charbon. 

Une énergie durable

Une énergie durable donc. “Le bois est 100% valorisé, affirme Dominique Schwalm. Il n’y a pas de pertes, les chutes sont transformées en granulés, en bois de chauffage ou en papier”. 

Plus écologique que l’acier ou le béton, auquel il est souvent associé, le bois doit cependant provenir de forêts locales pour avoir une empreinte carbone intéressante. La France est encore le sixième plus gros importateur de bois en Europe. 40% du bois de construction provient de l’étranger, en particulier de la Russie, des pays nordiques et du Canada. “Chez Mathis, nous nous sommes fixés l’objectif d’atteindre les 100% d’approvisionnements made in France d’ici à 2030”, assure Franck Mathis.

Avec 30% de surface boisée en métropole -un chiffre en progression-, la France possède suffisamment de réserves pour satisfaire la demande de bois. Afin d’assurer la pérennité de la ressource, l’Office National des Forêts s’est associée avec plusieurs industriels, comme Mathis, dans la gestion de la replantation des arbres. 

Si les essences les plus recherchées, comme le chêne, l’épicéa, le bouleau, le pin ou le mélèze sont privilégiées, il est important de maintenir une certaine diversité dans les forêts françaises, menacées par le réchauffement climatique.

« Si la forêt progresse en surface, elle ne progresse pas nécessairement en qualité, tempère Sylvain Angerand, ingénieur forestier invité sur France Culture. Ce qui est inquiétant c’est qu’elle stocke de moins en moins de carbone […] la récolte de bois augmente doucement, notamment en raison de la demande de bois énergie, plutôt que de s’ajuster sur ce que pourrait donner la forêt« .

Alexis Kopp