A Paris, 350 jeunes migrants campent devant le Conseil d’État

Depuis vendredi 2 décembre, 14 heures, des migrants se sont installés place du Palais-Royal pour réclamer un hébergement. ©Nicolas GHORZI

Ils réclament un hébergement d’urgence et en majorité la reconnaissance de leur statut de « mineurs isolés ». Plusieurs centaines d’entre-eux se sont installés devant le Conseil d’Etat à Paris.

Quatrième jour, troisième nuit en tentes par quatre degrés pour ces 350 adolescents isolés, en face du Conseil d’Etat. L’enjeu pour les quatre associations présentes – Les Midis du MIE, Utopia 56, Médecins du Monde et Médecins sans frontières : trouver des solutions pérennes d’hébergement aux jeunes exilés. Kamala, exilé Ivoirien de 15 ans et Ibrahim, Guinéen de 16 ans emploient le même mot : « horrible », exhibant leurs mains lézardées de crevasses.

Le campement précédent, installé depuis juin à Ivry, sous les ponts en banlieue parisienne n’a pas eu l’écho médiatique espéré. « On n’est pas visibles en banlieue ? Devant le Conseil d’Etat, ils ne pourront pas dire ça. On ne bougera pas », affirme Cassandra, 26 ans, engagée depuis trois ans aux Midis du MIE, collectif solidaire des mineurs isolés étrangers (MIE).

Reconnaître la présomption de minorité

Autre mot d’ordre : l’inscription explicite dans la loi de la présomption de minorité pour garantir la protection de la personne dans l’attente de l’étude de son dossier en préfecture. Cassandra, sourire franc et voix qui porte, rappelle qu’en moyenne « quatorze mois sont nécessaires pour qu’un juge reconnaisse ce statut de réfugié ». Quatorze mois d’errance souvent. Chaque exilé, accompagné par une association, a pu déposer un dossier à la préfecture. Pour Utopia 56, « le département estime que six demandeurs sur dix obtiendront le statut », à l’issue de l’examen de leur dossier. Alice, chargée du pôle mineurs chez Utopia 56 le revendique : « faire respecter la Convention internationale des droits de l’enfants, c’est le rôle du Conseil d’État ». Maintenant le rapport de force engagé, c’est « à qui tombera le premier ».

Ce lundi 5 décembre, il pleut. Dans la matinée, le thermomètre a tutoyé les 0°. « Après trois nuits sans dormir, leur état physique et psychique se dégrade », s’alarme Alice, d’Utopia 56. « Le maire d’Ivry a proposé un gymnase de 150 places », explique Camille, qui démarre son service civique au sein du collectif Midi du MIE. La mairie de Paris a trouvé elle 70 places. Mais tout est bloqué « dans l’attente de la décision de la préfecture de Paris ».

« Qu’attendent-ils ? Un mort ? », lance Cassandra, quand à 13h30, un nouveau camion de pompiers quitte la place en direction des urgences. Avec un autre jeune à son bord. Le onzième en quatre jour. 

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