
Aberrations écologique, urbaine et sociétal, les véhémences sont nombreuses. Après une première suspension l’an dernier, les permis de construire modificatifs de Rosny 2 ne séduisent toujours pas les Rosnéens. Reportage.
« C’est une catastrophe. » Dans la petite annexe de la mairie de Rosny-sous-Bois, nichée au cœur des immeubles résidentiels du centre-ville, les Rosnéens se succèdent. Ce lundi 5 décembre marque la fin d’une enquête publique commencée un mois plus tôt. Et Catherine*, qui a libéré son après-midi pour venir déposer son observation, hausse le ton. « Cela va accentuer encore les inégalités. Ici, il y a beaucoup de personnes qui passent l’été à la maison et qui utilisent le centre commercial. Elles seraient sûrement contentes de pouvoir venir s’asseoir sur un banc et profiter des espaces verts ! » L’objet de désaccord ? Le projet d’extension du centre commercial Rosny 2.
Construis en 1973, les 120 000 mètres carrés et 170 boutiques ne suffisent plus au groupe Unibail-Westfield-Rodamco (UWR). Ce dernier souhaite augmenter la surface commerciale de 60 000 mètres carrés, créer 180 places parking et construire un immeuble de bureaux de sept étages. « Au moment où le télétravail s’est généralisé avec le Covid-19, je n’en vois pas l’utilité », raisonne Martine Bougeard, qui habite juste en face du centre commercial.
De la poussière sur les meubles
Habitante du quartier depuis 50 ans avec son mari Jean-Claude, elle observe au quotidien les effets d’un tel pôle commercial. « Nous sommes dans une cuvette à Rosny-sous-Bois. Entre les voitures, l’autoroute A86, les trains et les bus, au bout de deux jours, j’ai de la poussière sur les meubles et les aérations noires de pollution. » Et son mari d’ajouter : « À Rosny, on va à contre courant de tout ce qu’on entend sur l’écologie. »
L’arrivée prochaine des lignes de métro 11 et 15 dans cette petite commune de Seine-Saint-Denis est une aubaine pour le groupe UWR qui souhaite faire de Rosny 2, « un site incontournable de l’est parisien ». Pour l’association Alternatiba, qui avait déposé un recours au tribunal contre les premiers permis de construire, et notamment sur l’étude d’impact environnemental jugé insuffisante, le projet ne doit pas aboutir. Alors que Westfield se défend d’intégrer un « haut niveau de performance environnementale » dans son extension, Nicolas, porte-parole d’Alternatiba , n’y croit pas. « C’est pas une vingtaine d’arbres autour du centre qui vont renverser la balance. »
*prénom modifié
Sascha Garcia
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