Recruter des bénévoles permanents devient de plus en plus difficile

Alors que le monde caritatif célèbre la journée internationale du bénévolat, nombre d’associations peinent à trouver de nouveaux volontaires, qui n’envisagent plus l’engagement de la même manière.

Logée entre les immeubles cubiques et le square Florence Arthaud, la locale du Secours populaire de Colombes (92) propose plusieurs services à ses bénéficiaires. Aide alimentaire, vestimentaire et juridique, cours de soutien, apprentissage du français, organisation de sorties culturelles… Pas moins de 45 bénévoles s’activent pour faire tourner la boutique. Pourtant, le centre “cherche tout le temps de nouveaux volontaires”, soupire Hugues Piedou, secrétaire général. “Pendant le Covid, beaucoup de jeunes n’ayant plus cours ou d’occupation professionnelle ont décidé de s’engager. Après le dernier confinement, quelques-uns sont restés aider les week-ends, mais aujourd’hui ils sont tous repartis.” Colombes n’est pas un cas isolé : une enquête IFOP publiée en mai 2022 rapporte que le nombre de bénévoles engagés dans le secteur associatif a chuté de 15% entre 2020 et 2021.

La locale du Secours populaire de Colombes (92) rassemble 45 volontaires.

Changement de paradigme

Pour Arnaud Poncelet, chargé d’animation nationale au Secours catholique, ce chiffre s’explique par un changement de paradigme. “Traditionnellement, les bénévoles étaient plutôt des retraités, avec un engagement hebdomadaire et significatif dans la durée.” La nouvelle génération, née dans les années 1960, “a toujours vécu dans une société de consommation et préfère partager son temps libre entre loisirs et associatif”. Autre difficulté, la pandémie a fait « découvrir le plaisir de rester chez soi et avec sa famille”, au détriment du temps passé dans une association. Quant aux adhérents plus jeunes, ils recherchent “plus de souplesse et ont tendance à passer d’une association à une autre”, complète Cécile Bazin, directrice de Recherches et Solidarités. 

S’adapter aux volontaires

Afin de préserver le lien avec ses 60 000 bénévoles engagés, le Secours catholique tente de s’adapter aux contraintes d’emploi du temps de ses volontaires. “Face aux fortes demandes sur des créneaux en soirée et les week-ends, on doit repenser la répartition des effectifs sur les différentes missions”, explique Arnaud Poncelet. Par exemple, pour un accueil de rue (d’une personne mal logée ou SDF), “on réfléchit à un roulement des bénévoles plutôt qu’au maintien d’une équipe permanente”. De même, l’accueil des nouveaux adhérents requiert un dispositif permanent. “De la même manière qu’il y a des responsables RH en entreprise, les associations se doivent d’avoir une personne responsable à temps plein de l’accueil des bénévoles”, ajoute Cécile Bazin. A la locale de Colombes, Christelle Coltee, “se réjouit d’avance” d’accueillir les futurs membres de l’association.

Juliette Pommier

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