
La municipalité de Paris a prononcé l’expulsion d’une dizaine de kiosques installés entre le Trocadéro et la tour Eiffel. Ils devront quitter le quartier d’ici la fin du mois de décembre pour laisser place à d’importants travaux de réaménagement en vue des JO 2024.
Une douzaine de kiosquiers profitent chaque jour de l’afflux incessant de touristes aux abords de la Dame de fer. Mais en ce début du mois de décembre, ils vivent leurs derniers jours d’activité. La ville de Paris a ordonné leur fermeture d’ici la fin de l’année, afin d’entamer la transformation du quartier en futur poumon vert des Jeux Olympiques 2024.
« Il n’y a rien d’humain »
« C’est honteux, déplore Xavier*, qui avait déjà dû changer d’emplacement en 2017, lors de la construction du mur d’enceinte autour du monument. J’ai trois enfants, mon voisin cinq. Il y a des familles derrière tout cela. Mais c’est toujours pareil avec la mairie, il n’y a rien d’humain.»
À l’entrée de l’avenue des Nations Unies, Le Kiosque des Fontaines et ses cinq employés sont aussi concernés. Sylvie, la gérante, y a passé « vingt ans d’une vie ». Elle craint que leur départ ne profite aux « vendeurs à la sauvette » : « Ils n’ont pas à assumer les salaires, l’Urssaf, les loyers… Et pourtant ils pullulent sur le parvis. »
Un appel d’offres pour renouveler les concessions
Les kiosquiers auraient pu compter sur la dimension provisoire des travaux et ainsi parier sur leur retour à l’issue des Jeux de Paris. Mais c’était sans compter sur un appel d’offres lancé à l’été 2021. Celui-ci remet en concurrence l’exploitation de quinze kiosques au pied de la tour Eiffel, avec pour conditions, entre autres, la valorisation de « savoir-faire Franciliens, de circuits-courts de proximité, de produits de saison, issus de l’économie sociale et solidaire » et l’utilisation de « matériaux à faible empreinte carbone, biosourcés et de réemploi ». Un cahier des charges difficilement soutenable pour des échoppes indépendantes. « C’est injuste, estime Leandro, vendeur au Carrousel. Mais que peut-on y faire ? On est que des petits pour eux. »
Les propriétaires ne « lâchent pas l’affaire » et s’organisent pour faire revenir la mairie sur sa décision. Contactée, celle-ci n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Etienne LANNUZEL
*Le prénom a été changé à la demande de la personnes interrogée
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