
La flambée du prix des produits animaliers décourage l’adoption alors que les refuges, déjà pleins à craquer, se préparent à une vague d’abandons.
Dans les rayons de l’animalerie Moustaches à Paris (8e arrondissement), friandises, litières et jouets font le bonheur des chiens et chats du quartier. Mais cette année “tout coûte plus cher”, constate Karine, venue refaire son stock de croquettes pour son border collie Dolce. Pour un paquet de 4kg, elle débourse 32,50€, contre 29€ au printemps. Alors qu’en 2022, le prix des produits animaliers avait déjà augmenté de 13%, Michel-Edouard Leclerc a annoncé une hausse de 41% pour 2023. Conséquence, près d’un quart des Français renonce à adopter un compagnon face aux dépenses engendrées, d’après un sondage Ifop.
Une nouvelle qui ne réjouit pas les associations de protection animale qui craignent une hausse des abandons après les fêtes de fin d’année.
L’animal n’est pas “un bien de consommation’
“Après les départs en grandes vacances, les fêtes de fin d’année sont la deuxième grande période d’abandon”, rappelle Anissa Putois, responsable chez Peta. L’animal placé sous le sapin devient vite un poids économique pour les familles qui “s’en débarrassent comme d’un bien de consommation” quelques semaines plus tard. D’autant plus en pleine inflation. Si les canidés et les chats sont les premiers concernés, les NAC (nouveaux animaux de compagnie) – serpents, iguanes, oiseaux – sont aussi “abandonnés dans des associations ou en pleine nature”. L’an passé, la SPA a ainsi recensé 5 000 abandons. Difficulté supplémentaire cet hiver, les refuges sont déjà pleins à craquer. Le week-end dernier, le centre SPA d’Essuiles-Saint-Rimault (Oise) ouvrait ses portes pour trouver un foyer à ses pensionnaires. 70 chats et 60 chiens sont en attente. “Pendant la crise sanitaire, les adoptions ont connu un bon : besoin de s’occuper, avoir une raison de sortir… Avec la fin du télétravail, les propriétaires sont revenus au bureau. Certaines bêtes ne l’ont pas supporté et ont développé des tocs”, poursuit Anissa Putois. Direction la SPA.
Limiter les achats impulsifs
Si la législation actuelle punit l’abandon d’un animal domestique de trois de prison et 45 000€ d’amende, “il reste encore beaucoup à faire”. Dernière initiative gouvernementale en date, la mise en place d’un certificat d’engagement et de connaissance des besoins spécifiques de l’espèce avant l’adoption, depuis le 1er octobre. Une première étape pour Peta, qui plaide pour l’interdiction des salons chiots et chatons, et la vente en ligne de compagnons domestiques. Afin de “limiter les achats impulsifs”. Les vétérinaires sont eux aussi très mobilisés : en juillet dernier, 100 professionnels ont signé une tribune contre les abandons d’animaux dans le JDD, à l’appel du député Loïc Dombreval. Prochaine étape : à partir du 1er janvier 2024, la vente de compagnons à quatre pattes sera interdite “pour des raisons éthiques et sanitaires”.
Juliette Pommier