
Vendredi 9 décembre, 150 Français tirés au sort, se pencheront sur la question d’une éventuelle modification de la loi Claeys-Leonnetti de 2016. L’occasion de rencontrer des bénévoles qui se battent au quotidien pour l’autorisation de l’euthanasie et du suicide assisté en France.
Dans un sondage réalisé en février 2022 par l’IFOP, 94% des Français approuvent le recours à l’euthanasie et 89% sont favorables à l’autorisation du suicide assisté. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) définit l’euthanasie comme « un acte destiné à mettre délibérément fin à la vie d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable, à sa demande, afin de faire cesser une situation qu’elle juge insupportable. » L’injection létale est faite par le médecin à la demande du patient. L’euthanasie est autorisée aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg, ou encore en Colombie. Pour le suicide assisté, c’est le patient lui-même qui se fait l’injection létale. Le médecin fournit seulement le produit. C’est autorisé en Suisse mais aussi dans quelques Etats américains.
Le respect de la liberté des citoyens
Isabelle*, adhérente de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) depuis dix ans et bénévole active depuis un an, attend beaucoup de la convention citoyenne qui commence vendredi. Pour elle, il n’était pas nécessaire de passer par ce genre d’initiative pour faire avancer la loi Claeys-Leonetti mais « nous sommes dans un pays où il y a beaucoup de débat. » En avril 2021, l’Assemblée nationale avait déjà débattu sur la question de la fin de vie, après une proposition de loi du député Olivier Falorni. Son examen n’avait pas abouti à cause de l’obstruction de milliers d’amendements d’élus Les Républicains anti-euthanasie. « La convention citoyenne, c’est une bonne chose mais mon réel souhait, c’est qu’on respecte enfin la liberté des citoyens, qu’on leur permette de faire un choix » insiste la bénévole. Isabelle* est une ancienne infirmière, révoltée par ce qu’elle a vu « Les patients sont tellement souffrants qu’ils se laissent mourir en ne s’alimentant plus, ils se suicident. Ce n’est plus acceptable« . Plusieurs adhérents de l’ADMD comme Laura* ont fait appel aux dispositifs belges ou suisses pour des demandes d’euthanasie : « Mon père avait un cancer de la vessie et était aveugle, il ne voulait plus vivre. On est alors allé en Belgique, le problème c’est que c’est très cher, ce sont des milliers d’euros. » La revendication des bénévoles de l’association est claire depuis sa création : légaliser l’euthanasie et assurer un accès universel aux soins palliatifs. L’enjeu de la convention citoyenne est alors de taille. Les conclusions seront rendues en mars 2023.