PARIS. Bientôt la fin des devantures fleuries ?

La plupart des fleurs qui ornent ces commerces viennent de Chine, selon Frédéric Badina. ©Lola DUFEU

La municipalité de Paris voudrait réglementer les décors en fleurs artificielles qui ornent les devantures des cafés et restaurants parisiens. Plusieurs élus dénoncent ce phénomène de mode et son impact écologique.

Hortensias, glycines, cerisiers… Différentes espèces fleurissent les devantures des cafés et restaurants parisiens. Pour le plus grand plaisir des touristes. Mais face à cette « surenchère », la mairie de Paris a décidé d’agir. Du moins, l’envisage. C’est le cas de certains élus écologistes, qui s’interrogent sur la provenance de ces fleurs en plastique ou tissus, toutes plus colorées les unes que les autres. 

« C’est un effet de mode qui permet de prendre de jolies images pour des séries Netflix ou pour Instagram », lance Frédéric Badina, conseiller de Paris. Mais le délégué auprès du maire du 18e arrondissement, chargé de la propreté de l’espace public, du réemploi et de l’économie circulaire, dénonce ce « concours de façades fleuries qui débordent dans tous les sens », cette« foire ». Avant de lancer : « Il faut remettre du cadre là-dedans ».

Le nombre de commerces a légèrement baissé dans la capitale par rapport à 2017. Mais de nombreux bars et restaurants nouvellement créés suivent la « mode » des devantures fleuries.

Des fleurs qui ne font pas l’unanimité 

L’élu écologiste s’interroge notamment sur l’impact environnemental du dispositif. « Ce qui nous dérange, c’est qu’il n’y a rien de durable là-dedans. Les acteurs qui produisent ces fleurs le font soit en plastique, soit en tissus, avec des matériaux qui viennent la plupart du temps de Chine. Le bilan carbone du dispositif pose donc question. » Sans nier l’investissement des cafés et restaurants pour gagner de la clientèle — « jusqu’à 15 000 euros », il souhaiterait qu’une réglementation freine ces abus. 

<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Que l'on aime ou non ces décors, les initiatives commencent à s'emballer un peu trop ...<br><br>D'autant que les fleurs sont soit en plastique soit en tissu (en provenance de Chine). <br><br>Rien de durable donc, un marché très juteux et une mode très coûteuse pour les restaurateurs <a href="https://t.co/lvgI36e9T7">https://t.co/lvgI36e9T7</a></p>&mdash; Fred Badina Serpette🌻♻️ (@fredbadina) <a href="https://twitter.com/fredbadina/status/1599391557035048961?ref_src=twsrc%5Etfw">December 4, 2022</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>

Mais au restaurant Florida, rue Montorgueil, le personnel n’est pour l’heure pas inquiet. « La mairie ne nous a pas encore contactés », précise Alexandre. Le salarié défend le dispositif : « On nous reproche de tuer le patrimoine parisien. Mais quand les bâtiments et leurs façades sont laides, les habitants sont ravis de voir toutes ces couleurs. Ça embellit les rues et ça attire les touristes. » Ils sont d’ailleurs nombreux à s’arrêter devant la façade. C’est le cas d’Anthony et Laura, un couple de trentenaires originaires de Normandie, qui se prennent en photo devant la glycine rouge vif. « On voudrait que ça reste comme ça et qu’il y en ait même davantage ! C’est très beau et ça met de bonne humeur », sourit la jeune femme. 

Lola DUFEU 

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