
Le projet de loi « Asile et immigration » inquiète les associations de défense des migrants. Alors qu’un débat débute à l’Assemblée nationale, une dizaine d’entre elles sont venues échanger avec les députés.
« Pour une politique respectueuse des droits humains », la banderole qui flotte Place du président Edouard Herriot résume leur combat. Une dizaine d’associations sont réunies à deux pas de l’Assemblée nationale deux heures avant le débat sur le projet de loi immigration ce mardi. Leur but : échanger avec les parlementaires au sujet des impacts de ce texte.
Dans les grandes lignes, le projet de loi consistera à faciliter l’expulsion des « étrangers délinquants », réformer le système d’asile et régulariser les travailleurs sans papiers dans les « métiers en tension ». « Cela va précariser encore plus les étrangers, en situation irrégulière ou pas, en les empêchant d’avoir accès aux droits les plus fondamentaux », s’inquiète Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme.
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Elle se met alors « à la disposition des parlementaires pour leur dire quelle est la réalité de ce sujet fantasmé ». Par exemple, l’ancienne députée européenne récuse formellement le chiffre selon lequel 48% des faits de délinquance seraient commis par des étrangers. Selon elle, « ce sont majoritairement des délits routiers et de vente à la sauvette ».
« Arrêter l’accueil à géométrie variable »
Quelques députés, de gauche essentiellement, ont répondu présents. Comme Gérard Leseul, député socialiste de Seine-Maritime, venu justement « recueillir l’avis des organisations expertes dans l’accueil des personnes étrangères ». L’homme politique fustige « un texte opportuniste qui surfe sur les craintes présupposées ou réelles des Français ».
Faisant référence aux dispositifs mis en œuvre pour accueillir les réfugiés ukrainiens, il dénonce « un racisme dans l’accueil des personnes étrangères ». Même son de cloche du côté Davy Rimane, député LFI de la deuxième circonscription de Guyane : « Il faut arrêter l’accueil à géométrie variable et l’hypocrisie. »
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« J’espère que l’opposition va avoir une parole forte pour rappeler qu’il y a des impératifs d’accueil et de solidarité », confie Sarah Belaïsch, directrice des pôles thématiques à La Cimade. Reste à savoir maintenant si ces échanges sous la bruine seront portés jusque dans l’hémicycle.
Léa Beaudufe-Hamelin