
Augmentation des prix, paniers revus à la baisse, clients qui retournent dans les supermarchés : avec l’inflation, les commerçants bio ont vu leur chiffre d’affaire diminuer. Une baisse d’activité qui se répercute sur l’ensemble de la filière.
Sur les étales de Mafoud, il n’y avait que des fruits et légumes bio. Mais depuis le mois d’octobre, il a du changer de politique. « On ne faisait que du bio français mais on a ressenti une baisse affreuse de clientèle », déplore ce primeur. En cause, une hausse drastique des prix et une perte de pouvoir d’achat de ses clients. « On est passé d’un panier moyen autour de 19 euros à 9 euros aujourd’hui ».
Alors pour faire face à l’érosion de son chiffre d’affaire et à l’inflation, la petite chaine d’épiceries parisiennes a du se séparer de deux de ses magasins et développer des filières d’approvisionnement hors bio. « On travaille avec des coopératives espagnoles et portugaises qui sont en agriculture raisonnée. Mais la tomate bio française à 8,90 euros on ne peut plus la vendre », regrette Mafoud.

Et Ladi Bio n’est pas un cas isolé. Deux fois plus de magasins bio ont fermé cette année que l’an dernier et selon le spécialiste de l’analyse de données de consommation IRI, le volume des ventes en bio dans les commerces spécialisés devrait diminuer de près de 5% en 2022. Un chiffre qui s’élève à 7,6% dans les grandes surfaces.
Courir après la demande
Après plusieurs années à courir après l’offre, l’agriculture biologique française court désormais après la demande. Un constat assumé par le président de l’Agence Bio Loïc Guines à l’ouverture des Assises de l’agriculture biologique ce matin : « On est entré dans une période d’incertitude où l’on se demande pourquoi la demande en bio ralenti et comment lui redonner de la vigueur ».
Une conjoncture difficile qui ne remet pas en cause l’importance de la filière pour le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau : « Il faut continuer à développer le bio même si le marché répond un peu moins à la demande. Il faut travailler pour repositionner le bio pour ce qu’il a de vertueux pour la transition écologique »
Parmi les leviers soulevés par Marc Fesneau, le lancement d’une nouvelle campagne de communication ciblée financée à hauteur de 750 000 euros par le ministère et le déblocage de deux millions d’euros pour structurer les filières les plus en difficultés. Mais pas de fond d’urgence comme demandé par plusieurs acteurs de la filière.
Baptiste Dedieu