
L’Ukraine et la Russie sont entrées dans leur dixième mois de conflit armé. Tout comprendre de l’évolution de la guerre, de l’invasion russe à la contre-offensive ukrainienne.
L’Ukraine rentre dans son dixième mois de conflit après l’invasion militaire russe fin février 2022. La guerre s’allonge avec une résistance organisée des forces ukrainiennes. Retour sur les derniers mois pour mieux comprendre ce conflit, le plus important d’Europe depuis la fin de la Guerre Froide.
• 2014. Prémices d’un conflit armé
En 2014, l’Ukraine connait des manifestations importantes à Kiev, sa capitale. Les habitants réclament une intégration du pays à l’Union européenne. Il faut savoir que le pays est divisé entre une partie de la population qui regarde vers l’Ouest de l’Europe et l’UE et une autre qui se sent plus proche de la Russie. Cette dernière revendique depuis longtemps la Crimée, et profite des mouvements protestataires pour envahir cette partie de l’Ukraine. La région du Donbass, à l’est du pays, proclame son indépendance et se rapproche de la Russie. Une guerre est alors menée pendant huit ans pour tenter de réconcilier les deux parties de l’Ukraine, en vain.
• 24 février 2022. Invasion de l’Ukraine par la Russie
Vladimir Poutine ordonne l’entrée de l’armée russe sur le territoire ukrainien le 24 février. Il déclenche alors une crise majeure, après plusieurs jours de présence de soldats et tanks à la frontière. L’Ukraine est rapidement bombardée. Cette offensive intervient dans un contexte déjà tendu entre les deux pays.
L’invasion russe de 2022 est justifiée par Poutine comme une volonté de défendre les Ukrainiens qui se sentent davantage russes. Il juge que leur pays se rapproche trop de l’Europe de l’Ouest et son alliance militaire, l’OTAN, qui intègre aussi les Etats-Unis et le Canada.
L’offensive fin février s’avère un échec pour la Russie. Le gouvernement ukrainien ne tombe pas et il reçoit même un soutien international, notamment des Etats-Unis et des membres de l’Union européenne.

• Menace sur Kiev et progression des troupes (mars-juin 2022)
L’armée russe se montre féroce et conquiert du terrain au nord et sud-est de l’Ukraine, elle vise particulièrement sa capitale Kiev. Des offensives ont lieu au début de mars et jusqu’à avril. La région de Kherson, à proximité de la Crimée, est rapidement occupée par les forces russes, ainsi qu’autour de la ville de Marioupol, encerclée au sud-est du pays.
Face à une résistance tenace, les Russes se retirent progressivement jusqu’au 10 avril 2022 de la région autour de Kiev. Les efforts de l’armée de Poutine se concentrent sur la zone du Donbass et la façade maritime de l’Ukraine. Marioupol constitue un lieu stratégique pour le commerce maritime, la Russie commence à investir la ville jusqu’à sa prise totale le 20 mai 2022.
Les Ukrainiens résistent aux offensives des Russes, mais sont en minorité numérique. L’artillerie russe se révèle aussi essentielle dans les combats, mais elle ne permet que peu d’avancées. Fin juin, les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive, soutenue logistiquement par les pays de l’Ouest et particulièrement par l’artillerie livrée par les Etats-Unis.

• Contre-offensive ukrainienne dans la région de Kherson (juillet-octobre)
Les Ukrainiens concentrent leurs efforts dans le sud du pays et plus précisément dans la région de Kherson, occupée depuis mars par la Russie. Forte d’un renseignement solide entre images satellites et civils présents dans les zones occupés, l’Ukraine déjoue son ennemi dans la destruction de livraisons d’armes lourdes occidentales.
Fin août une offensive est lancée à Kherson. Les forces ukrainiennes ne parviennent pas à avancer mais concentrent de cette manière l’attention de leur ennemi. L’armée russe délaisse le reste du front, permettant une percée de cinq brigades ukrainiennes plus à l’Est, vers Kharkiv et Izioum. Cette avancée-éclair des forces ukrainiennes pousse à un recul disproportionné des Russes. Ils abandonnent le front de Kharkiv jusqu’à Izioum et se replient sur plus de 70 km.
Kiev poursuit son effort à Kherson et dans le nord-est du pays. Côté russe, les échecs successifs nécessitent une mobilisation partielle, décrétée par Poutine le 21 septembre. Une contre-offensive ukrainienne le 15 octobre permet une évacuation russe de Kherson jusqu’au 10 novembre 2022.

• Une trêve pour l’hiver (novembre-décembre)
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg a déclaré, mercredi 7 décembre, que l’armée russe cherchait à « geler » le conflit avec l’Ukraine. Dans les colonnes du Financial Times, il évoque une trêve opérationnelle pour les forces russes, le temps de réparer ce qui peut l’être après les multiples échecs militaires. Les offensives de part et d’autre persistent cependant.
Le conflit en Ukraine a eu d’importantes répercussions en Europe, en particulier pour le marché de l’énergie. La Russie a réduit de 80 % le débit de ses gazoducs vers les pays de l’Union européenne, en réaction aux sanctions reçues. Les prix de l’énergie ont alors flambé.
La France organise mercredi 13 décembre à Paris une rencontre entre chefs d’Etat, pour venir en aide à l’Ukraine à l’approche de l’hiver. Parmi les sujets évoqués, l’aide humanitaire mais aussi le question de la reconstruction du pays seront particulièrement centrales dans les échanges.
Juliette Soulignac