Dans la guerre en Ukraine, le rôle de l’AIEA pour assurer la sureté nucléaire

Des équipes envoyées par l’Agence internationale de l’énergie atomique sur les différentes centrales nucléaires d’Ukraine. Censée assurer la sécurité de ces sites et prévenir les accidents, cette opération n’est pas la première opérée par l’AIEA depuis le début du conflit.

Alors que les infrastructures énergétiques ukrainiennes sont ciblées avec intensité par des frappes russes, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé mardi 13 décembre 2022 ordonner des missions sur les centrales nucléaires d’Ukraine. L’objectif : fournir une assistance en matière de sécurité nucléaire sur les cinq sites. Y compris celle de Zaporijjia, plus grosse centrale d’Ukraine et d’Europe, et actuellement occupée par l’armée russe.

Les centrales nucléaires, victimes collatérales ?

Une annonce précieuse dans un contexte tendu. Depuis octobre 2022, la Russe cible les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Si les attaques de drones et missiles se concentrent sur les sites de production électrique, certains redoutent l’impact de ces frappes sur les sites nucléaires. En effet, les bombardements ont pu temporairement déconnecter des centrales atomiques du réseau.

Dans un entretien à l’AFP le 13 décembre, le Premier ministre ukrainien Denys Schmyhal avançait ainsi que « les forces russes ont bombardé les lignes qui connectent Zaporijjia au réseau à plusieurs reprises, et la centrale a été en black-out cinq fois ». Si le site est débranché depuis septembre, il lui faut toujours de l’électricité pour refroidir le combustible. Les générateurs de secours peuvent certes soutenir l’alimentation pendant quelques jours, mais cette solution n’est pas durable. Pour le Premier ministre ukrainien, il y a urgence : « Ils (les forces russes) bombardent les lignes ukrainiennes, la centrale démarre ses générateurs diesel, et cela signifie qu’on est un pas avant l’accident« .

Qu’est-ce que l’AIEA ?

Fondée en 1957, basée à Vienne en Autriche, l’Agence internationale de l’énergie atomique est une organisation internationale sous égide de l’ONU.

Son rôle : promouvoir les usages pacifiques de l’énergie nucléaire, et limiter son utilisation à des fins militaires.

L’AIEA dans un rôle de médiateur

L’Agence internationale de l’énergie atomique, elle, donne l’alerte depuis le début du conflit. Après l’occupation de la centrale de Tchernobyl par l’armée russe en mars 2022, l’organisation sous l’égide de l’ONU avait envoyé une équipe d’experts. Les protocoles de sécurité avaient été perturbés par les opérations militaires, et l’AIEA observait « des cas de sécurité nucléaire qui n’était pas normal, et qui aurait pu produire un incident« . Plus récemment, après des frappes le 20 novembre 2022 visant le site de Zaporijjia, le directeur de l’agence Rafael Marianno Grossi exhortait les deux belligérants à « Arrête[r] cette folie« .

L’AIEA agit également comme médiateur pour protéger la centrale. Le 2 décembre, Rafael Marianno Grossi annonçait mener des négociations entre Russie et Ukraine, pour sécuriser l’infrastructure et prévenir tout risque d’accident d’ici à la fin de l’année 2022. Condition sine qua none pour la réalisation de cette tâche : « Que les deux belligérants acceptent de ne tirer ni sur la centrale, ni depuis la centrale. » Une allusion directe à l’armée russe, qui n’hésite pas à faire du site une base militaire et à y stocker du matériel de guerre.