C’est le principe même d’un circuit court. En divisant la distance parcourue du producteur jusqu’au consommateur, il est censé réduire la quantité de dioxyde de carbone (CO2) rejeté dans l’atmosphère. Mais pour que cette promesse soit tenue, encore faut il réunir plusieurs critères.

Dans un rapport de 2012, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) l’explique clairement :

« Dès lors qu’ils sont optimisés et sous certaines conditions, les circuits courts de proximité présentent un potentiel important en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) »

  •  Quelle est l’empreinte carbone du transport lié à l’alimentation ?

DEFRA,The Validity of Food Miles as an Indicator of Sustainable Development, Juillet 2005

Le transport ne pèse que pour 11 % des émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture. Il est donc un facteur moins déterminant que les modes de productions.

Le mode de distribution choisi – routier, ferroviaire, aérien – et sa gestion logistique a un impact important sur le bilan carbone des légumes et des fruits. S’il faut à l’évidence éviter de consommer des produits importés par avion, il faut également réduire la consommation de produits transportés par la route sur de longues distances ou avec un chargement non optimisé.

 

  • Selon le mode de transport utilisé, une empreinte carbone très variable.

Le fret ferroviaire participe très fortement à la diminution de l’empreinte carbone, si on le compare au transport camion.

Les émissions par kilomètre parcouru et par tonne transportée sont environ

-10 fois plus faibles pour un poids lourd de 32 tonnes

-100 fois plus faibles pour un cargo transocéanique que pour une camionnette de moins de 3,5 tonnes.

La voie maritime est dominante dans le transport de fruits frais, congelés ou transformés, alors que le trafic routier est majoritaire pour les légumes, en provenance plus souvent de France ou d’Europe.

Dans l’imaginaire collectif, le producteur qui part vendre quelques kilos de marchandises avec sa camionnette est plus « durable » que la semi-remorque venant réapprovisionner l’hypermarché du coin. Plusieurs études contredisent toutefois cette affirmation. Si chaque membre d’une AMAP se rend en voiture à la distribution hebdomadaire du petit producteur, le bilan carbone sera fortement alourdi.

 

  • En parallèle du mode de distribution, le déplacement des consommateurs

En France, les trajets pour des achats alimentaires représentent 8 % de la mobilité totale et sont réalisés essentiellement en voiture. Ces déplacements se font à 99% grâce à des carburants d’origine fossile.

 

  • L’impact du dernier kilomètre

Ce sont les propres déplacements du consommateur qui génèrent près de la moitié de l’empreinte carbone d’une pomme française (dans le cas d’un déplacement en voiture vers un hypermarché sur une distance moyenne de 14km et un poids de caddie de 30 kg). Le type de commerce dans lequel le consommateur fait ses achats a donc de l’importance dans le bilan carbone.

Si les moyens de transport sont inadaptés ou insuffisamment optimisés – point de distribution non regroupés, véhicules anciens ou insuffisamment chargés, etc. – les légumes de proximité peuvent avoir une empreinte carbone bien plus lourde que des légumes importés.

 

  • Mais alors, comment aller faire ses courses à Paris ?

La meilleure façon de se déplacer, surtout en ville, reste d’emprunter les transports doux (transports publics, vélo, marche à pied). Une trottinette émet à Paris, en moyenne sur son cycle de vie, un peu plus de 105 g d’équivalent CO2/km/usager. Moins que la voiture individuelle avec une seule personne (253 g/km CO2e) mais équivalent à une voiture occupée par trois personnes (111 g/km CO2e)… Les scooters, eux, sont beaucoup plus polluants que les voitures. Par litre de carburant consommé, leurs émissions de monoxyde de carbone (CO) sont dix fois plus élevées que celles des voitures à essence et vingt fois plus que les voitures propulsées au diesel.

 

  • La livraison par péniche, une piste à creuser

Et si la Seine, désertée par les bateaux de livraison, redevenait un axe de transport central pour livrer Paris ? C’est le pari fait par « Marché sur l’eau », une péniche dont la propulsion électrique est couplée à des panneaux solaires.  Au niveau national, la voie fluviale est le transport le plus performant (+ 11% en 10 ans).

 

 

Marion Panien

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