Le recyclage : un défi pour les écrans numériques
Les écrans numériques sont-ils recyclés ? Anne-Cécile s’est penchée sur la fin de vie.
A Paris comme dans le reste de la France, la multiplication des écrans numériques publicitaires s’accélère. En fonctionnement, la consommation électrique annuelle de chaque panneau est comparable à celle de deux foyers. En plus de la consommation d’énergie, ces écrans perturbent significativement la santé humaine et la biodiversité. Bon, mais que deviennent ces écrans une fois qu’ils ne sont plus utilisés ?
Déjà il faut savoir que leur durée de vie estimée est d’environ 10 ans s’ils sont utilisés 18 heures par jour(*). Mais comme pour votre smartphone, l’innovation technologique peut inciter à renouveler ces écrans avant qu’ils ne fonctionnent plus. De nouveaux écrans plus performants peuvent venir inonder le marché. Une fois remplacés, les écrans sont censés être recyclés ; par exemple, la société Mediatransports, qui gère les écrans de la RATP, veille à diriger ces équipements vers la filière de recyclage professionnelle adaptée. 85% des matériaux des panneaux collectés sont effectivement recyclés, et ils sont majoritairement traités dans des centres situés en France. Ce très bon score est tout de même à relativiser car il ne rend pas compte de tous les aspects de la fin de vie de ces équipements : Premièrement, ces technologies sont récentes, et les informations disponibles ne sont pas suffisantes pour calculer un taux de collecte fiable. Deuxièmement, l’indium, un métal rare utilisé dans les écrans LCD, n’a pas encore de solution technologique de recyclage(**). Enfin, le taux de recyclage ne traduit pas la complexité des méthodes qui permettent d’obtenir des matières réutilisables.
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Et ce n’est pas tout : les cartes électroniques rejoignent une fonderie pour en extraire les métaux les plus précieux. Cette industrie utilise les mêmes procédés polluants que ceux de l’extraction minière… Quant à la matière non recyclée, elle peut encore contenir des métaux rares. Selon Ecologic, un acteur majeur de cette filière de recyclage, il reste plus intéressant économiquement d’extraire certains métaux vierges que de les recycler. Les écrans numériques se recyclent donc plutôt bien ; mais plusieurs matériaux ne sont toujours pas récupérés pour des raisons techniques ou économiques. L’augmentation du nombre de panneaux installés viendra forcément grossir les stocks de déchets ultimes. Finalement, le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas…
(*) source : ADEME
(**) source : Guillaume Pitron, La Guerre des métaux rares, éditions Les Liens qui libèrent
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