Pour une sobriété numérique des écrans publicitaires
Supposons qu’en 2020, une fois les élections municipales passées, la mairie de Paris décide d’installer des panneaux publicitaires numériques dans l’espace public. Serait-il possible d’en limiter l’impact environnemental ? C’est tout l’enjeu proposé par le concept de sobriété numérique.
Une transformation progressive de l’usage du numérique
Employé pour la première fois en 2008 par l’association GreenIT, le terme de sobriété numérique désigne un mode de vie. Plus précisément, cette démarche consiste à modérer nos usages au quotidien.
En octobre 2018, le think tank The Shift Project a publié le rapport « Lean ICT : Pour une sobriété numérique » . Après avoir dressé un bilan du coût écologique du numérique, les chercheurs proposent plusieurs recommandations par étapes. Cela commence par la prise de conscience collective de son impact environnemental. Ce concept permet ensuite de transformer nos usages. Enfin, ils proposent d’intégrer « des critères énergétiques et environnementaux dans les appels d’offres.»
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Xavier Verne, ingénieur et membre de The Shift Project, recommande d’appliquer le concept de « sobriété numérique» à ces écrans publicitaires. Il précise : « Si on doit garder les écrans car ils apportent de la valeur, le concept de sobriété numérique consiste à se demander : Que peut-on faire pour diminuer l’impact ? Pour cela, on optimise la consommation. On met des écrans de taille adaptée à leur utilisation, réparables et à durée de vie prolongée. Ainsi, on divise par trois l’impact écologique.»
« Si on doit garder les écrans car ils apportent de la valeur, le concept de sobriété numérique consiste à se demander : Que peut-on faire pour diminuer l’impact ? Pour cela, on optimise la consommation. On met des écrans de taille adaptée à leur utilisation, réparables et à durée de vie prolongée. Ainsi, on divise par trois l’impact écologique. » (Xavier Verne, The Shift Project)
Des sociétés de publicité revendiquent des démarches plus écoresponsables
La sobriété numérique se joue aussi chez les publicitaires. C’est par exemple l’ambition affichée par JCDecaux. L’entreprise insiste : «D’ici à 2020, nous nous engageons à réduire de 50 % la consommation électrique de nos mobiliers digitaux LCD par rapport à 2012.»
«D’ici à 2020, nous nous engageons à réduire de 50 % la consommation électrique de nos mobiliers digitaux LCD par rapport à 2012.» (JCDecaux)
Efraim Clam, président de Little Corner, leader de l’affichage digital dans les toilettes revendique : « Nos écrans utilisent seulement 8 composants, contre 80 en moyenne pour ceux installés dans le métro. Réduire le nombre de matériaux nécessaires nous permet de diminuer l’impact environnemental de la production. »
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Si le lieu choisi pour diffuser de la publicité semble insolite, il présente plusieurs avantages environnementaux. De dimensions plus petites (17 pouces, soit la taille d’un écran d’ordinateur) en raison de l’espace réduit où ils sont situés, « les écrans publicitaires utilisent moins de LED » que leurs homologues destinés aux rues et gares.
Et contrairement aux affichages numériques installés au cœur des villes, les écrans de Little Corner n’ont pas besoin de ventilateur pour réguler leur température en cas de surchauffe. Placés dans des lieux plus obscurs qu’une rue exposée à la lumière du soleil, ils sont moins lumineux. « Nous baissons la luminosité, souligne Efraim Clam, car l’œil n’a pas besoin d’une lumière très forte pour percevoir la publicité dans un lieu peu éclairé comme les toilettes ».
Ces initiatives qui se disent « plus vertes » restent à relativiser. Car si ces écrans sont utilisés de façon intensive, les gains environnementaux pourraient être rapidement outrepassés.