Paris, ville lumière

La fabrication : 30 métaux pour un écran

De l’extraction des métaux à leur arrivée dans la capitale, Jeanne vous dit tout sur l’impact environnemental des écrans publicitaires parisiens.

Vous les avez peut-être remarqués. Dans les vitrines des magasins, dans les halls des gares ou sur les quais des métros : les écrans numériques publicitaires ont envahi l’espace public. Très attractifs pour les publicitaires, mais un fléau pour l’environnement et les collectifs anti-pubs, ces panneaux sont loin de faire l’unanimité. Des chercheurs pointent du doigt le coût de fabrication pour l’environnement. Puisque ces panneaux ne poussent pas comme des fleurs au milieu du béton, nous avons enquêté sur la provenance et la fabrication de ces affichages publicitaires numériques.

Les écrans publicitaires comportent une dalle LCD ou plasma, composée de cristaux liquides ou de poudres photoluminescentes. Le contour des panneaux, lui, est constitué de plastiques et de caoutchoucs. Et plus l’écran est grand, plus le coût environnemental croît.

D’abord, les écrans publicitaires nécessitent l’extraction d’une trentaine de métaux rares dont sont composés nos téléphones, ordinateurs ou tablettes. Ressources fossiles, ces métaux proviennent de réserves naturelles limitée. Les écrans LCD ont besoin d’indium, un métal rare amené à disparaître d’ici 50 ans. Un autre métal largement utilisé dans les cartes électroniques : le cuivre. Son exploitation risque d’atteindre ses limites d’ici 50 voire 100 ans.

Ces métaux rares sont extraits partout dans le monde. Si la Chine reste un des leaders mondiaux, des mines à ciel ouvert sont également exploitées à Bingham Canyon aux Etats-Unis ou à Chuquicamata au Chili.

A lire aussi >> L’utilisation : une consommation énergivore

Dernièrement, Greenpeace a lancé une pétition “Non aux écrans vidéos publicitaires dans Paris”. L’ONG dénonce une fabrication qui « exploite les populations locales dans des conditions de travail indignes ». Chaleur étouffante, journée à rallonge, accidents à répétition… Les mineurs vivent dans un environnement dangereux.

L’extraction de ces métaux entraîne aussi une production importante de CO2, une prolifération de la radioactivité, la pollution des eaux aux alentours ou encore le rejet d’acide sulfurique surnommé “vitriol fumant”.

Un écran classique de 2m carré nécessite l’extraction de 8 tonnes de matières premières (selon le rapport de l’ADEME). Pour purifier une tonne de terre rare, il faut 200 mètres cube d’eau qui sont nécessaires.

A lire aussi >> Le recyclage : un défi pour les écrans publicitaires numériques

Ces eaux usées sont ensuite directement déversées dans les sols et les nappes phréatiques. Un désastre au niveau local. Depuis les années 1980, dans des villages chinois proches des mines, les plantes ne poussent plus et les habitants souffrent de maladies et de problèmes respiratoires. Autour de Baotou, en Chine, le taux de radioactivité dépasse 32x au-dessus de la normale contre 14 fois lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

Une fois l’assemblage terminé, les écrans doivent être acheminés jusqu’à Paris. Ils sont transportés par bateau puis par train depuis Le Havre.

Mais la fabrication pèse lourd dans l’empreinte écologique d’un écran publicitaire numérique. D’ailleurs, dans sa première année, sa fabrication émet plus de C02 que son utilisation.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *