L’euro, une monnaie qui a de l’avenir

L'euro a été au cœur des débats de la dernière élection présidentielle. Photo DR

Lors de la conférence « Fallait-il faire l’euro ? », peu de voix pour s’opposer à la monnaie unique. Tous les participants ont préféré souligner les (nombreux) points à améliorer.

Peut mieux faire. C’est le constat des débatteurs présents à la conférence sur l’euro. Quinze ans après sa mise en circulation, il est « trop tôt » pour établir les conséquences du passage à la monnaie unique, selon Jean Pisani-Ferry, professeur à la Hertie School of Governance de Berlin et professeur associé à Sciences Po. Il ajoute : « Le bilan est moins favorable à ce qu’on pouvait imaginer en 1999 lorsqu’on est entré dans le processus de l’euro. Mais il ne faut pas arrêter les pendules à aujourd’hui. »

Patrick Artus, chef économiste de la banque Natixis enfonce le clou. Pour ce professeur d’économie à l’Université Paris 1, les objectifs que représentait une union monétaire sont loin d’être atteints. La suppression du taux de change entre pays ne favorise plus la circulation des capitaux : ceux-ci se sont stoppés nets au moment de la crise de la zone euro en 2010. Des pays comme l’Allemagne, qui possède un excédent d’épargne, n’envoient plus la majorité de leur capitaux dans la zone euro. Il déplore aussi « l’absence d’une grande multinationale à l’échelle européenne » qui se développerait sur ce grand marché unique. Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne, avait dit au moment de la création de l’euro : « Puisque nous avons la même monnaie, nos économies deviendront semblables. » Or Patrick Artus constate : « Structurellement les pays sont de plus en plus différents et nous n’avons aucun gestionnaire de cette hétérogénéité. »

Un  projet inachevé

Cependant tout n’est pas à jeter. L’euro a montré sa force notamment dans sa résistance face à la crise économique de 2008. Natacha Valla, cheffe de la Division politique et stratégie de la Banque européenne d’investissement s’enthousiasme : « L’euro a fait preuve d’une résilience inespérée pendant la crise des subprimes alors que c’était une monnaie toute neuve. » Et la monnaie unique fait l’unanimité chez les citoyens de la zone euro : 73% des ses habitants ont un avis positif sur l’euro.

De l’avis des intervenants de cette conférence, il faut saisir l’opportunité de la relance économique en Europe pour parfaire le système. Il faut aller vers plus d’intégration et surtout vers une union politique qui permettrait de coordonner les politiques économiques des 19 pays de la zone euro. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, explique :« Une monnaie ne peut pas tout faire. Il ne fallait pas penser que ça allait régler tous les problèmes de l’économie française et européenne ». Il ajoute même que « l’euro est une bonne monnaie » car elle est stable et inspire confiance. Le chantier est encore long avant d’obtenir la recette parfaite, mais les institutions européennes ne partent pas d’une feuille blanche.

Anne Thirion