
L’industrie automobile au coeur de la révolution numérique. Grâce à l’intelligence artificielle, de nombreuses entreprises (Google, Tesla, Navya…) expérimentent actuellement des véhicules autonomes sans chauffeur. Même si la technologie avance vite, la majorité des intervenants de la conférence « L’industrie automobile au cœur de la troisième révolution industrielle » ont pointé les obstacles – et pas uniquement physiques – que la voiture autonome doit encore lever.
Après la navette autonome, le taxi autonome. La start-up lyonnaise Navya a présenté ce mardi 7 novembre un taxi sans chauffeur à propulsion 100 % électrique, qui a l’ambition de fluidifier la circulation dans les centres urbains. Des tests sont prévus à Paris. Navya n’en est pas à son coup d’essai. La start-up, fondée il y a trois ans, a lancé à Lyon à l’été 2016 une navette autonome. L’expérimentation a été élargie au quartier de La Défense (Hauts-de-Seine) en juillet dernier.
[AUTONOMS ARE GO! 7.11.17]
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— NAVYA (@NAVYA_Group) November 8, 2017
Des tests « concluants »
Franck Fontanesi, directeur des études économiques à la FIEV (Fédération des industries des équipements pour véhicules), est très confiant quant à la possibilité de voir assez rapidement des véhicules autonomes rouler sur nos routes. « Les expérimentations sont concluantes, juge-t-il. Selon moi, il ne reste plus qu’à régler quelques questions d’ordre juridique et les derniers problèmes de fiabilité. »
Un verrou important a déjà sauté l’an dernier. Le 23 mars 2016, la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (Unece) a annoncé une révision de la Convention de Vienne, le texte qui régule la circulation routière depuis 1968, afin d’autoriser « les systèmes de conduite automatisée ». Mais le texte ne permet toujours pas aux véhicules autonomes de circuler sur route ouverte sans personne au volant. Ils doivent pouvoir « être contrôlés voire désactivés par le conducteur ».
Beaucoup de questions en suspens
L’optimisme de Franck Fontanesi est loin d’être partagé par Tommaso Pardi, directeur du GIS Gerpisa (Groupe d’étude et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile). « A l’heure actuelle, il est impossible de savoir quand la voiture autonome sera commercialisée », explique celui qui est également chargé de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Pour l’expert, trois problématiques doivent encore être résolues : technologique, financière et juridique. « La technologie a bien progressé, sauf qu’elle coûte très cher. Et du point de vue du droit, les constructeurs comme Tesla attendent de savoir s’ils pourront réaliser des tests avec des clients dans les voitures », indique Tommaso Pardi.
Une autre question au sujet des taxis autonomes a été soulevée lors de la conférence par Gaëlle Lesteven, chargée de recherche au Laboratoire Ville Mobilité Transport. « Entre les courses, les taxis sans chauffeur devront parcourir des kilomètres à vide, comme les taxis traditionnels. Comment les gérer pendant ces périodes sans client à l’intérieur ? », s’interroge l’enseignante de l’Ecole des Ponts ParisTech. Des questions à régler urgemment : on annonce les premières livraisons avant la fin 2018. L’année prochaine, les participants aux Jéco se déplaceront-ils en taxi autonome ?
Julien Da Sois