Odile Renaud-Basso : « Il faut réglementer la finance de l’ombre »

Selon la directrice générale du Trésor, il est possible d’encore mieux se protéger d’une future crise financière.

Odile Renaud-Basso est la première femme à devenir directrice générale du Trésor. Photo (recadrée): OECD/Andrew Wheeler.

Directrice générale du Trésor depuis juin 2016, Odile Renaud-Basso intervenait mardi matin lors de la conférence « Une crise grave est encore possible ». L’écho des Jéco l’a interrogée à la sortie de la table ronde. Que pense une des grandes prêtresses du financement de l’économie française de l’éventualité d’une future crise financière ?

Une nouvelle crise financière est-elle à venir? Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste ?
Odile Renaud-Basso : Optimiste ! Mais en ayant conscience que tout n’est pas rose et qu’il y a des risques qu’il faut traiter.

Quelles sont les raisons d’être optimiste ?
O. R.-B. : Beaucoup de mesures ont été prises depuis la grand crise financière de 2008 pour éviter que cela ne se reproduise. Des régulations financières, plus de coordination internationale. Au niveau européen aussi, il y a le mécanisme de stabilité qui permet d’aider des états-membres de l’Union européenne en difficulté. La situation des pays émergents s’est améliorée aussi. Tout ça nous permet d’être optimistes.

Et d’être pessimiste ?
O. R.-B. : Il y a des risques de dérégulation, aux Etats-Unis. Des risques financiers qui subsistent, aussi, même si on a beaucoup régulé les banques. Et puis on remarque certaines tensions politiques. La montée des populismes, la défiance par rapport à la globalisation et au multilatéralisme… C’est vrai aux Etats-Unis, c’est vrai également en Europe avec le Brexit et l’Italie. Ce sont des risques réels.

Reste-t-il des réglementations financières à mettre en place ?
O. R.-B. : Dans le domaine du « shadow banking »*, par exemple. Les « assets managers »* qui interviennent dans le financement de l’économie, via des prêts ou autres. Il faut être sûr qu’il n’y ait pas de problème de liquidités. Ce sont des chantiers qui restent devant nous, à l’échelle du monde entier.

*Shadow banking ou  finance de l’ombre : quand des acteurs non-bancaires agissent comme des banques, en prêtant de l’argent par exemple. Ces acteurs peuvent être des fonds d’investissements, gérés par des « asset managers », des agences de notation, des chambres de compensation…
Tout cela forme un système bancaire parallèle et non réglementé.