Le commerce international, clé de voûte du développement de l’Asie orientale

À Hong-Kong (photo), les autorités tablent sur une croissance comprise entre 3 et 4% du PIB pour 2018 / Photo : WiNG / Creative Commons: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr

Taux de croissance moyen fort, pauvreté en baisse, système éducatif de qualité… La vitalité de l’Asie orientale suscite l’intérêt. Invités à réfléchir sur la définition de son modèle de développement, des intervenants des Journées économiques de Lyon ont souligné l’importance du commerce international.

« C’est parti ! On va parler de l’Asie centrale, de ces pays qui ont choisi de se développer en s’insérant dans la mondialisation. » Conseiller au CEPII, centre d’expertise français en économie internationale, Michel Fouquin donne le ton ce mercredi 7 novembre, en ouverture de la conférence « Y a-t-il un modèle de développement asiatique ? » .

Pour expliquer le fort taux de croissance de cette région du monde, les panélistes vont insister sur le penchant de ses économies à s’inscrire dans la mondialisation et le commerce international.

« Outre le fort taux d’épargne et la qualité du système éducatif, une caractéristique majeure des pays d’Asie orientale demeure leur industrie exportatrice », avance Sébastien Lechevalier, président de la fondation France-Japon à l’École des hautes études en sciences sociales. Avant de préciser sa pensée : « Ce sont des états qui protègent leurs industries naissantes, sans vivre pour autant en autarcie. »

« Le Vietnam est sorti de l’isolement »

Thi Anh-Dao Tran, maître de conférences à l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine à Hô-Chi-Minh-Ville, confirme, pour le Vietnam, les propos de Sébastien Lechevalier : « Son modèle de croissance est tiré par l’exportation de produits manufacturés et les investissements directs étrangers. Le Vietnam est sorti de l’isolement et essaie de multiplier les accords de libre-échange. »

En outre, le gouvernement vietnamien prend des mesures pour maintenir une forte croissance des exportations et développer les secteurs de son économie les plus prometteurs, comme le commerce maritime. « J’ai été frappé par les discours politiques lors d’un récent voyage au Vietnam, car ils avaient tous pour ambition d’adapter le pays à la mondialisation », relate Michel Fouquin.

Des investissements bienvenus

Des prises de position en accord avec les aspirations de la population selon Thi Anh-Dao Tran : « En 1986, près de 40% de la population avait moins de 14 ans. Aujourd’hui, le pays profite de cette force de travail, qui n’a pas connu la guerre et a grandi avec la mondialisation. »

À l’instar du Vietnam, si les pays d’Asie orientale embrassent la mondialisation, c’est aussi parce qu’ils bénéficient des investissements d’entreprises en quête de marchés. Thierry de la Tour d’Artaise, PDG du groupe SEB, livre son point de vue sur ce processus : « En ce qui nous concerne, nous avons d’abord essayé de nous développer en Chine en visant une clientèle aisée. Mais nous ne faisions pas du luxe donc cela n’a pas fonctionné. Pour aller chercher ce marché, nous avons donc acheté des firmes chinoises. »

Inégalités

Panacée de l’Asie orientale alors, la mondialisation ? Non, à en croire les conférenciers qui pointent des inégalités croissantes et une certaine fragilité économique dans un contexte de concurrence exacerbée. Des limites qu’a pu constater Thi Anh-Dao Tran au Vietnam : « Il y a des inégalités géographiques, c’est-à-dire entre les régions plus ou moins intégrées dans les échanges mondiaux. Par ailleurs, l’importance des exportations y fait craindre une guerre commerciale qui affaiblirait beaucoup le pays. Sans parler du changement climatique. Là-bas, les zones qui y sont les plus exposées sont deux deltas très riches… »

Jonathan Grelier