Le conte de la zone euro

Récit d'une bataille d'idées entre les économistes Jean Pisani-Ferry et Jakob von Weizsäcker

À gauche, Jakob von Weizsäcker (économiste allemand et député européen), à droite, Jean Pisani-Ferry (économiste et professeur associé à Sciences-Po).

Il était une fois, dans une prestigieuse salle lyonnaise, un débat économique concernant la relance de la zone Euro.

Une heure et demi durant, des économistes de haut rang, échangeaient dans un calme olympien au sujet de l’avenir des 19 Etats européens.

Car tous avaient un point commun !

Une monnaie intitulée l’euro qui à l’origine, avait vocation à être adoptée par tous les Etats membres de l’Union européenne. 

Qu’à cela ne tienne ! 

Malheureusement le destin de cette vaillante devise est sujet à une grande question.

Doit-on obliger les Etats de l’Union européenne à utiliser l’euro?

Au milieu de la salle, deux économistes chevronnés (Jean Pisani-Ferry et son homologue allemand, Jakob von Weizsäcker) décident de « s’affronter » pacifiquement dans un débat d’idées.

 

 

Jean Pisani-Ferry : Il est possible de continuer à faire partie de l’UE sans faire partie de la zone euro, j’en suis persuadé ! Dans les traités, adopter l’euro comme monnaie officielle est une obligation, sauf dérogation. Si des pays comme ceux d’Europe centrale ne le souhaitent pas, alors laissons leur le choix !

Jakob von Weizsäcker : Avant le Brexit, tout le monde était à peu près d’accord avec Jean. Car Londres était le centre de la monnaie européenne sans avoir intégré la zone euro. Que faire maintenant ?

JPF: Il ne faut pas obliger les pays à l’intégrer, ils doivent être volontaires et penser que c’est dans leur intérêt !

JW: En êtes vous sûr?

JPF: Si on met la pression sur le pays, on crée les conditions d’une crise future…

JW: Doit-on alors permettre aux pays qui n’intègrent pas la zone euro de prendre des décisions la concernant ?

JPF : Je suggère de créer une formation « zone euro » à l’intérieur du Parlement européen. Il ne faut pas que les sujets soient traités exclusivement par les gouvernements.

Le sourire aux lèvres les deux économistes se sont quittés. Dans un monde où le dollar est roi, ces chevaliers de l’Union européenne n’ont pas fini de s’interroger sur leur monnaie.