
L’industrie automobile vit aussi à l’heure de la transformation écologique, thème phare des Jéco 2019. Jeudi, lors d’une table ronde intitulée « L’industrie automobile à l’ère du numérique », chercheurs, élus et professionnels ont dessiné les contours d’un secteur en plein changement.
La salle ne s’y est pas trompée, applaudissant chacun des interlocuteurs. Le débat de ce jeudi matin était pointu et ne laissait pas de place aux approximations. Sujet concernant, la voiture avait rassemblés tous les âges dans l’amphithéâtre de l’Université Lyon II. A l’heure ou l’industrie européenne est à la traîne, l’automobile, chef de file du secteur industriel européen, performant sur les moteurs thermiques, doit se repenser.
La bascule vers l’électrique déclasse grandement l’Europe au profit du géant asiatique chinois plus en pointe sur le sujet. « On observe une bascule écologique, amorce Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS (lire ici son interview). Il y a un challenge pour l’industrie, celui de répondre à ces nouvelles normes. Et cela a des effets économiques directs comme le montre la récession de l’industrie manufacturière en Allemagne. » Il semblerait que les compétences thermiques actuelles doivent être remplacées par des compétences liées aux véhicules connectés et électriques pour concevoir l’automobile comme un service.
Une nouvelle façon de produire
Pour Michèle Debonneuil, inspectrice générale des Finances, il existe désormais « Des biens et des services »encapsulés », créant une révolution des modes de production.» Ce qui demande une flexibilité de l’outil industriel pour répondre à de nouveaux besoins. Ainsi, pour Anne Laliron, vice-présidente du Business Lab de PSA, l’objectif est simple : « L’électrification totale des gammes du groupe en 2025. »
Une déclaration qui a fait sourire Jean-Louis Missika, adjoint à la mairie de Paris et responsable des questions liées au Grand Paris, notamment. L’élu s’est dit « satisfait » par les objectifs de PSA, tout en espérant « que les mots soient suivis d’actes ». Car les villes ont un vrai rôle à jouer dans l’évolution de cette industrie. « Toutes les villes considèrent qu’il faut sortir de l’auto-solisme », a avancé l’adjoint à la mairie de Paris. Un premier aspect qui doit venir soutenir la sortie d’un modèle industriel fondé sur les énergies fossiles. « Les moteurs thermiques seront interdit à Paris en 2030. » L’occasion de mettre un peu la pression sur une industrie en pleine transition.
Tous les acteurs concernés
Pour Elie Cohen, c’est indéniable, la société se dirige vers « un véhicule électrique autonome et partagé. » Mais pour penser ce développement et accélérer sa diffusion il est nécessaire de penser aux nouveaux acteurs de la mobilité, villes et entreprises. C’est dans ce sens qu’est lancé «l’ Airbus des batteries ». Alors que la concurrence chinoise et américaine est déjà plus qu’installée, le couple franco-allemand met sur les rails son projet de consortium européen de batteries automobiles. Concrètement, le consortium franco-allemand devrait se concrétiser en 2020 avec la mise en place d’une usine pilote en France et 200 emplois à la clé.
Des entreprises prennent déjà les devant, pour recycler les batteries des futurs véhicules électriques. « Un écosystème entier se met en place pour fournir des véhicules éléctriques et pouvoir recycler ces batteries », conclut Anne Laliron, tout en lançant un dernier appel aux nombreux étudiants présents dans la salle : « C’est un secteur d’avenir et nous avons besoin de vous pour continuer à évoluer. »
Paul Ruyer