Les défis de l’économie post-Covid

La transition écologique, thème phare de la conférence de ce mercredi matin aux Jéco.

Vivre dans un monde plus résilient, capable de rebondir après les crises – celles que l’on vient de vivre et celles que l’on s’apprête à affronter – voilà l’idéal revendiqué par les différents intervenants de la conférence des Jéco, « Un chemin vers un monde plus résilient ? ». 

Quelles sont les leçons à retenir de la crise sanitaire qui a ébranlé notre système économique ? Pour les intervenants de la première conférence des Journées de l’économie, « Un chemin vers un monde plus résilient ? », il est urgent de construire un nouveau modèle de développement, répondant aux défis qu’a fait ressortir le Covid-19… à commencer par les inégalités.

Si elles n’ont pas bondi depuis deux ans – 14,6% de la population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2020 et en 2019 – c’est grâce aux aides publiques versées dans l’urgence. Mais pour le futur, elles restent des « bombes à retardement » dangereuses pour la société, selon le secrétaire national de la CFDT, Laurent Berger. D’où la nécessité de mettre en place des politiques qui ciblent les plus vulnérables, en France mais aussi en Europe, par « un travail autour de l’égalité salariale » ou « l’instauration d’un salaire européen minimum », plaide Laurent Berger, sans oublier l’accompagnement des ménages les plus modestes dans la transition écologique.

« On n’a pas d’excuses parce qu’on connaît ces chocs mais on n’est pas préparés », prévient Laurence Boone, chef économiste et chef du Département des affaires économiques de l’OCDE. « Si on n’entend pas la transition écologique, demain on entendra le choc brutal des crises migratoires », ajoute Emeline Baume, première vice-présidente de la Métropole de Lyon.

Mettre en place des mesures concrètes

La résilience se prépare donc dès maintenant, de manière collective, mais comment ? Pour Laurence Boone, la transition écologique passe d’abord par la coopération internationale « et pas seulement avec l’Europe, on a besoin de parler avec les principaux responsables des émissions carbone », dont la Chine et les Etats-Unis.

Le changement de paradigme doit également, selon elle, s’opérer sur la manière de faire de la politique publique, pour être au plus près des personnes et des entreprises dont les pratiques risquent d’être bouleversées. « Ce sont des hommes et des femmes qui vont devoir changer d’emploi, des entreprises qui vont fermer, parfois d’autres qui vont se créer… »

Un appel, lancé par les intervenants, à s’engager dans des transformations structurelles plutôt que « des plans vagues et très peu contraignants », déplore Katherine Schubert, professeur d’économie à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Alors que le monde d’après ressemble toujours beaucoup au monde d’avant, Laurent Berger redoute qu’on rate le point de bascule : « La résilience ce n’est pas refaire comme avant, sinon c’est de la reproduction. »

Chloé RABS et Leslie LARCHER