
Faut-il craindre une explosion du nombre d’entreprises « zombies », ces sociétés mal en point qui survivent artificiellement grâce au soutien de l’Etat et à des taux d’intérêt bas ? Les réponses apportées, ce mercredi, lors d’une conférence des Jéco semblent plutôt rassurantes.
Après 18 mois de crise sanitaire, les économistes observent une baisse considérable des défaillances d’entreprises. Leur nombre est passé de 50 000 en 2019 à 30 000 environ en 2020. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution, de la fermeture des tribunaux pendant les périodes de confinement, qui n’ont donc pas pu prononcer de cessations ou de liquidation, aux nombreuses aides versées par l’Etat pour venir au secours des entreprises.
Une dynamique qui laisse craindre la recrudescence des entreprises zombies. Mais la situation est en réalité plutôt rassurante, a soutenu Cédric Audenis, commissaire général adjoint à France Stratégie, s’appuyant sur un rapport du comité d’évaluation des mesures d’urgence prises pendant la crise : « Il faut retenir que les aides ont été ciblées sur les entreprises qui en avaient besoin, que le recours a été parcimonieux, avec un effet d’aubaine limité, et avant tout pour des entreprises avec une santé financière intermédiaire, pas dégradée. » Pas pour des « zombies », donc, qui représentent environ 5% des entreprises, et 4% de celles qui ont demandé le fonds de solidarité, par exemple.
Des « zombies » à surveiller
L’enjeu se situe aussi sur la sortie de crise, dans les mois à venir. « On va progressivement sortir des dispositifs de soutien, mais on ne s’attend pas à un mur de faillites », pronostique Chloé Zapha, économiste à l’Observatoire des entreprises de la Banque de France. « Il y en aura, après la fin du PGE, puis on repartira vers un retour à la normale. »
La situation doit tout de même être surveillée, et la question des entreprises zombies n’est pas à balayer. D’abord parce que la définition d’entreprises zombies est aujourd’hui plutôt restrictive, et qu’elle ignore une zone grise qui existe. Ensuite, parce que la réalité du phénomène évolue en France, les entreprises zombies sont plus résistantes et mettent plus de temps à disparaître, explique Denis Ferrand, directeur général de l’institut d’études Rexecode.
Enfin, la baisse des défaillances peut mener à une baisse des prix généralisée : « Avec un niveau d’activité bas et des capacités de production préservées en raison des baisses de défaillances, on peut imaginer un scénario de déflation par la dette, de pression à la baisse sur les prix », conclut-il.
Maÿlice LAVOREL