Comment lutter contre la désinformation

Avec le Covid-19, Donald Trump et d'autres sujets, la désinformation a pris une grande place sur internet.

Lors de la crise du Covid-19, le « virus » de la désinformation a prospéré sur les réseaux sociaux. Et nul doute que la campagne présidentielle française connaîtra, elle-aussi, sa vague de « fake news ». Comment tenter d’endiguer le phénomène ? Les participants d’une conférence digitale des Jéco ont expliqué les leviers qu’ils tentent d’actionner contre les fausses informations.

Quelle valeur a l’information ? Avec l’essor des réseaux sociaux et la perpétuelle remise en question de la parole venue « d’en haut », les médias traditionnels font face à la défiance d’une grande partie du public. Pire, cette défiance peut même être violente. Comme lors du mouvement des « gilets jaunes » et des manifestations contre le pass sanitaire. Le président américain Donald Trump a démocratisé le terme de « fake news ». Les médias, depuis quelques années, ont tenté de réagir.

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Il y a d’abord eu le « fact-checking », ou la vérification des faits. Beaucoup de médias s’en sont dotés (Checknews, Les Décodeurs, AFP Factuel…). « La chronique du Vrai du faux existe depuis 2012. Désormais 17 journalistes composent l’agence. », explique Estelle Cognacq, directrice de la rédaction radio de France Info. Avec une forte présence sur les réseaux sociaux, ces articles permettent de valider, de nuancer voire de contredire un fait, une photo, une vidéo… Mais la vérification de faits est chronophage alors qu’une fausse nouvelle est rapide à créer et à partager. 

Des pistes d’améliorations

Dans la société actuelle où tout est immédiat (ou presque), partager une information ne prend que quelques secondes. Seules les convictions et la réflexion des internautes permettent de casser la chaîne de partage. Doit-on douter de tous les médias ? Non, mais il faut savoir en qui avoir confiance. « Tout commence par l’éducation aux médias », constate Adina Revol, porte-parole de la Commission européenne en France. Une mise en garde nécessaire. Mais pas une fin en soi. « Si on n’a que l’éducation aux médias pour dire ‘attention, ce n’est pas bien, ça’, c’est comme aller dans les écoles pour dire que fumer n’est pas bien », lance Eric Nahon, directeur adjoint de l’école de journalisme IPJ-Paris Dauphine.

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Reste le levier judiciaire. Mais légalement, il est presque impossible de sanctionner la désinformation. « Les personnes qui vont publier de fausses informations sur les masques, les vaccins, l’épidémie… ne relèvent pas de ces différents textes. L’Etat français ne se prétend pas compétent en la matière », précise Christophe Bigot, avocat spécialisé dans le droit de la presse et d’Internet. Alors c’est l’Europe qui devrait proposer une loi qui « pourrait être approuvée début 2022 » annonce Adina Revol. Des pistes de progrès nécessaires et espérées. En 2019 déjà, les Jéco avaient déjà accueilli une conférence sur la désinformation. Le sujet risque malheureusement d’être encore au sommaire des prochaines éditions.

Colin ANCEL