
Une demande qui explose mais des rayons qui parfois restent vides. Depuis la fin de la crise sanitaire, les entreprises sont confrontées à des ruptures d’approvisionnement. Entre rigidité de l’offre et dépendance aux entreprises étrangères, le secteur industriel se retrouve parfois à l’arrêt. Le sujet a été abordé lors d’une conférence des Jéco, ce vendredi.
Y aura-t-il des jouets sous le sapin de Noël ? Alors que la demande est repartie à la hausse, des problèmes d’approvisionnement empêchent les entreprises d’y répondre convenablement. Confrontées dès mars 2020 à un choc d’offre et de demande, les elles sortent aujourd’hui affaiblies de la crise sanitaire. « L’activité économique est repartie beaucoup plus vite que ce que l’on attendait, dévoile Sonia Bellit, chef de projet de La Fabrique de l’industrie, et les entreprises ne sont pas encore en mesure d’y répondre. »
Des entreprises sous la dépendance de leurs fournisseurs
Pendant le premier confinement, 40 % des entreprises industrielles ont été mises complètement à l’arrêt, stoppant toutes les chaînes de production. Même si, depuis, elles ont quasiment toutes repris leur activité, l’offre demeure trop rigide pour s’adapter. Surtout dans le domaine des appareils électroniques, énormément sollicités en cette sortie de crise. « Pour prendre l’exemple des semi-conducteurs, ce secteur demande des infrastructures lourdes, des investissements très importants, et il ne peut donc pas s’ajuster rapidement à la demande », détaille Sonia Bellit.
Deuxième problème : la dépendance de la production à un certain nombre, restreint, de pays. « La mondialisation a apporté du bon, mais aujourd’hui on voit surtout ses limites », admet Emeline Baume, vice-présidente de la Métropole de Lyon à l’Économie. En effet, la moitié de la production globale et 70 % des semi-conducteurs dédiés au secteur automobile ne sont produits que par une seule entreprise taïwanaise. « Quand la production baisse, les entreprises n’ont pas vraiment beaucoup d’autres fournisseurs vers qui se tourner », regrette Sonia Bellit.
Sécuriser les approvisionnements
Moins flagrant, il y a aussi les problèmes d’approvisionnement « liés à la raréfaction ou à des enjeux géopolitiques », ajoute Emeline Baume. Des ressources comme le bois manquent, parce qu’il est précommandé et qu’il part directement aux États-Unis ou en Chine. Face à ces défis, il devient urgent pour les entreprises de développer des stratégies visant à sécuriser leur approvisionnement. « Se fournir au plus près de leur activité est une solution », avance Sonia Bellit. Un choix qui pourrait également être poussé par la volonté des consommateurs à faire de plus en plus attention à l’origine des matières premières.
Selon une enquête menée par La Fabrique de l’Industrie, 25 % des entreprises industrielles envisagent de se relocaliser, avec une sur-représentation des secteurs automobile et électronique, particulièrement touchés par les pénuries. Des ruptures d’approvisionnement qui devraient encore perdurer jusqu’à début 2023, estime Sonia Ballit, « mais il faut surtout que les entreprises et l’Etat fassent en sorte d’accroître les capacités de production ».
Chloé RABS