
Quelles leçons tirer des évaluations du système éducatif français ? Lors de la conférence « Comment évaluer notre école et dans quel but ? », au troisième jour des Journées de l’Economie, l’accent a été mis sur les inégalités scolaires.
En 2022, ils seront 7 000 élèves français à participer au Programme international pour le suivi des acquis (PISA) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un outil d’évaluation qui vise, tous les trois ans, à tester les compétences des élèves de 15 ans. L’objectif de ce type d’évaluation de l’école ? « Identifier les problèmes et mettre en place des solutions », résume Elise Huillery, professeure de sciences économiques à l’Université Paris-Dauphine.
Parmi les problématiques mises en lumière par les évaluations : l’anxiété des élèves face aux mathématiques, le sentiment d’un manque d’accompagnement, et, surtout, les inégalités scolaires. « La France est dans le podium des pays de l’OCDE où l’origine sociale détermine le plus fortement la réussite scolaire », assène Julien Grenet, directeur de recherche au CNRS. Il ajoute : « Quand on vient d’un milieu défavorisé en France, on a cinq fois plus de chance de se retrouver parmi les élèves en difficulté au test de Pisa ».
Alors, comment l’expliquer ? Une étude de l’OCDE réalisée en 2018 montre que les élèves à l’origine sociale défavorisée ont une forte propension à penser que l’intelligence est fixe et ne peut pas progresser. « En se percevant moins bon, on se décourage et les écarts s’accentuent de manière extrêmement prononcés tout au long de la scolarité », explique Elise Huillery. Le tout étant notamment exacerbé par la pédagogie utilisée, liée à un système de notation chiffrée souvent questionné, et par des « défaillances sur le volet pédagogique » dans la formation des enseignants.
Le facteur principal reste toutefois la « dimension fortement ségrégative de l’école française », comme l’indique Julien Grenet : « En fonction de leur origine sociale, les élèves se séparent, entre l’école publique et privée, mais aussi au sein de l’école publique ». Selon l’OCDE, les écarts de niveau entre les élèves sont ainsi plus élevés dans les pays où il y a moins de mixité sociale.
Différentes approches tentent donc de contrer ce phénomène, comme avec la mise en place d’options de cours attractives ou la fusion des secteurs pour brasser davantage d’élèves. À Paris, en 2017, plusieurs classes de collèges des 18e et 19e arrondissements ont été rassemblées au sein d’un même établissement sans que l’expérimentation ait été étendue, car ces mesures restent encore étroitement liées à la politique, qui peut parfois freiner la prise de décision.
Leslie LARCHER