
Le centre socioculturel Rosa Parks est la seule association à proposer de l’accompagnement scolaire aux collégiens et lycéens dans le périmètre de Porte d’Aubervilliers à Porte de la Chapelle.
Il est 17. heures. Dans la grande salle, une dizaine d’enfants sont installés et discutent bruyamment. Chaïma Laabadi, coordinatrice et animatrice du centre socioculturel Rosa Parks, pose des paquets de brioches sur la table et du jus de pomme. Karim, un jeune collégien, apporte les verres. Les enfants arrivent au compte-gouttes et prennent une brioche au passage. « Qui a des devoirs à faire pour demain ? » demande l’animatrice, une fois tout le monde arrivé.
Plusieurs mains se lèvent, elle les invite à passer dans la salle d’à côté. Michel et Sarah, deux bénévoles, vont les aider à faire leurs devoirs. Ici, c’est un jeu qui est prévu. Aujourd’hui, la majorité réclame le loup-garou. Tout le monde déplace les tables, s’assoie en cercle et ferme les yeux. Le village s’endort.
Valoriser d’autres savoir-faire
« Le but de l’accompagnement à la scolarité ce n’est pas de faire uniquement des devoirs, c’est d’apporter d’autres connaissances, de valoriser d’autres savoir-faire », explique Chaïma Laabadi. Ici, les bénévoles utilisent régulièrement des pédagogies de détours, comme les jeux. La dernière fois, c’était le Times’up, pour travailler la culture générale tout en s’amusant. Les bénévoles partagent leurs savoirs aux jeunes, et vice-versa. « La dernière fois, ils nous ont fait découvrir que Squeezie était un Youtubeur, et nous, on leur a appris que Jacques Chirac n’était pas un chanteur des années 70 », raconte l’animatrice en riant.
La séance ne se déroule pas toujours de la même manière, mais commence toujours par un goûter et un débat d’actu : « Tu lances un sujet qui les intéresse et tu tires des ficelles », illustre Chaïma Laabadi. La dernière fois, en parlant du boycott de la Coupe de Monde, l’animatrice a pu travailler des questions géopolitiques, sociales et la recherche d’informations. Ensuite, quand ils ont tous des devoirs, ils s’installent à une table par matière, pour faciliter la tâche aux bénévoles. Au bout d’une heure, ils font un jeu pour terminer la séance. « Faire des devoirs jusqu’à 19 heures, c’est compliqué, ils ne tiennent plus et bavardent. Au lieu d’avoir des débordements, on prend cette excitation pour la mettre dans un jeu », explique Chaïma Laabadi.
« Si je reste chez moi, je ne vais pas faire mes devoirs. »
Ce dispositif d’accompagnement scolaire a commencé en 2016 et il est porté par la Caisse d’allocations familiales. Cette année, 30 jeunes en bénéficient. Avant de lancer ce projet, le centre socioculturel a fait un diagnostic de territoire afin de proposer un dispositif qui reflète la réalité du quotidien des jeunes du 19e. « On a un gros taux de déscolarisation, cela touche un collégien sur cinq », selon Chaïma Laabadi. L’accompagnement à la scolarité était également très demandé par les familles.
Mahamadou acquiesce. « Si je reste chez moi, je ne vais pas faire mes devoirs. Là, j’ai eu deux 20 et un 17 en français, alors qu’au premier trimestre, j’avais 12 de moyenne », confie ce collégien. Pour lui et ses copains, les bonnes notes qu’ils récoltent en fréquentant le centre socioculturel les motivent à continuer.
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