
Depuis deux ans, Emilie Chrysostom tient la pâtisserie “Les Gourmandes à Paris” dans le 19e arrondissement. Un rêve qu’elle a réalisé après s’être reconvertie à 43 ans alors qu’elle était esthéticienne. Entretien.
Deux ans après l’ouverture de votre pâtisserie, quel bilan tirez-vous ?
Quand j’ai commencé, le 22 décembre 2020 en plein confinement, je suis arrivée avec beaucoup de naïveté dans l’entreprenariat. Je suis très épanouie dans mon travail maintenant. Je me suis vraiment formée dans la pâtisserie car je n’ai pas un don inné, peut-être que j’en développe un maintenant. Mais ce qui a été le plus dur, c’est d’apprendre à gérer une entreprise. Il y a eu beaucoup d’aléas mais j’avance et je m’approprie peu à peu les lieux. J’aurais pu arrêter à la première difficulté car c’était parfois très dur à gérer mais j’ai persévéré et j’en suis fière aujourd’hui.
Pourquoi avez-vous choisi de vous reconvertir alors que vous étiez à votre compte depuis 12 ans ?
Mon travail de masseuse-esthéticienne a vraiment été ma passion pendant longtemps. Mais je me suis lassée, c’est difficile de s’occuper des gens toute la journée. Ça demande beaucoup d’énergie. Je suis très gourmande et quand j’étais enfant, je voulais ouvrir mon restaurant ! Mon grand-père était pêcheur et j’ai toujours vu ma grand-mère préparer des repas de qualité. Pendant longtemps, j’ai cuisiné toute seule chez moi et je donnais mes gâteaux à des amis, surtout des Paris-Brest. Après, j’ai commencé à créer mes propres gâteaux, notamment le praliné, l’une de mes spécialités. Mais au bout d’un moment, il n’y a pas assez de personnes à qui donner. Ouvrir une boutique est un moyen de toucher plus de personnes.
Votre pâtisserie se situe porte du Pré-Saint-Gervais. Pourquoi avez-vous décidé de vous installer ici ?
C’était un peu un hasard. Quand j’étais masseuse, j’avais une cliente dans le quartier de la Mouzaïa, pas loin. La première fois que j’ai visité le local, je l’ai trouvé très beau avec les baies vitrées. On a l’impression d’être isolé mais ce n’est pas vrai : le lycée au bout de la rue nous amène du passage, le parc de la Butte du Chapeau Rouge aussi. Certains clients sont des habitués, et d’autres non, surtout des familles. Mais j’aime aussi être seule donc c’est parfait pour moi. Et je suis complémentaire à la boulangerie d’à côté car je ne fais pas de pain.
Qu’apporte votre pâtisserie au quartier ?
Beaucoup de clients me disent que je donne une plus-value, surtout pour les personnes âgées qui habitent seules. J’aime beaucoup cet aspect relationnel avec la clientèle car c’est un quartier familial, presque un petit village. C’est aussi pour ça que je veux faire découvrir des produits de qualité aux habitants car certains n’ont pas les moyens de bien manger tous les jours. Je tiens à avoir des produits frais. Par exemple, pour la vanille, le fournisseur habite dans l’arrondissement et je le connais très bien. Ça montre que je ne fais pas ça pour rien, je réalise vraiment mon rêve.
Propos recueillis par Zoé Samin
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