« Josy », l’histoire ukrainienne à livres ouverts

Jaroslava Josypyszyn montre les derniers livres qu'elle a acheté pour enrichir la collection. Nicolas Ginestière / IPJ

Dans une grande maison du 19e arrondissement se cache la bibliothèque Simon Petlura. Créée au début des années 1920, elle est dirigée par Jaroslava Josypyszyn. Fille d’un ancien combattant de l’armée populaire ukrainienne, elle a consacré sa vie à l’histoire.

« Vous pouvez m’appeler Josy. » C’est une rencontre que l’on ne s’attend pas à faire dans le 19e arrondissement de Paris. Professeure d’histoire à la retraite, Jaroslava Josypyszyn veille depuis 1998 sur les ouvrages de la bibliothèque. Dans un petit immeuble du quartier de Belleville, elle reçoit sur rendez-vous des chercheurs en quête d’archives, de livres et d’informations sur l’Ukraine.

« J’ai toujours été passionnée par l’histoire », explique la femme aux longs cheveux blancs. Son père, combattant de l’armée populaire ukrainienne pendant la Première Guerre mondiale, lui a longtemps conté l’histoire de ce pays qu’il a dû quitter. Par la suite, « Josy » a travaillé en France comme professeure d’histoire dans des collèges, lycées et universités. Son domaine de recherche ? « L’Ukraine, bien entendu. J’ai étudié sa place dans les relations internationales de l’entre-deux-guerres », précise, dans un petit rire, la docteure en histoire.

Jusqu’en 1996, elle part dans son pays d’origine pendant les vacances scolaires pour enseigner l’histoire de l’Ukraine. « Après la chute de l’URSS, les Ukrainiens ne connaissaient plus que l’histoire soviétique, explique-t-elle. Les autorités ont alors appelé des enseignants de la diaspora. » Sa vocation de transmission se poursuit aujourd’hui entre la bibliothèque, avec son odeur d’encre, et le petit musée dédié à Simon Petlura, le président de la République populaire d’Ukraine dans les années 1920.

« Josy » montre plusieurs copies de la déclaration d’indépendance de l’Ukraine, éditées en 1918. Nicolas Ginestière / IPJ.

Aujourd’hui, elle aide les chercheurs à trouver leur bonheur dans les salles de la bibliothèque. « La dernière fois, j’ai accueilli un Polonais qui voulait transmettre des photos d’anciennes correspondances à un confrère ukrainien », raconte-t-elle. Si la bibliothèque ne reçoit plus systématiquement les périodiques, Jaroslava essaie d’enrichir les collections avec des ouvrages plus récents. « J’ai trouvé dernièrement ce très bon livre pour raconter l’Ukraine aux enfants, alors je contribue, parfois de ma poche. »

Bien qu’elle peine aujourd’hui à se déplacer, « Josy » fait de son mieux pour entretenir bénévolement ce rare concentré d’histoire ukrainienne. Souvent seule à gérer les lieux depuis la crise du Covid, elle se démène pour que ceux-ci subsistent. « J’aimerais qu’au-delà des chercheurs, il y ait plus d’Ukrainiens qui viennent. » Elle qui a succédé à son père voilà 22 ans a du mal à trouver quelqu’un pour reprendre le flambeau. « Autrement, on devra fermer, et ce serait bien dommage », soupire-t-elle.

Nicolas Ginestière

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*