Mathias Lopez, contrebassiste : « La Philharmonie, c’est un projet complet »

Mathias Lopez avec sa contrebasse habituelle sur la scène de la philharmonie. Sandra Bouillard / IPJ

Mathias Lopez est musicien professionnel à l’Orchestre national de Paris. Le contrebassiste a vu naître la Philharmonie, dans le 19e arrondissement. Il se félicite de voir que le public s’est diversifié.

Sur la scène de la Philharmonie, les plus gros instruments sont restés, exceptionnellement entre deux représentations. Les neuf contrebasses sont alignées. L’une d’entre-elle, plus sombre, se dénote. « C’est la plus vieille, elle date du 19e siècle. C’est celle avec laquelle je joue habituellement. » Mathias Lopez prend sereinement l’instrument dans ses mains. Cela fait dix ans qu’il est musicien professionnel à l’orchestre national de Paris. Chaque semaine, il se produit deux fois dans cette salle du 19e arrondissement. 

Dans la loge des contrebassistes, les affaires personnelles sont laissées : costumes sur-mesure, instruments et photos des musiciens passés par l’orchestre auparavant. Sandra Bouillard / IPJ

Auparavant, son orchestre se produisait à la salle Pleyel, dans le 8e arrondissement. Pour lui, le déménagement vers la Philharmonie constitue un « projet complet », qui permet de casser cette « image caricaturale et élitiste » de la musique classique. « On a fait des études sociologiques sur la population qui vient aux concerts. Depuis le déménagement dans le 19e, 66% du public s’est renouvelé, avec des personnes qui viennent du quartier ou de la banlieue proche de l’est parisien, comme Montreuil. » 

Faire face à un nouveau public

Casser les codes, c’est une démarche importante du musicien. Pull et cheveux gris, il raconte les nombreux projets qui rythment sa vie en dehors des représentations de l’orchestre national. « Ce qui m’intéresse dans la contrebasse, c’est la grande diversité des genres que l’on peut jouer : tango, hip hop, salsa… J’ai enregistré un album de reprise de Judas Priest par exemple, un groupe de Hard Rock des années 80. » 

Des enregistrements possibles grâce à la liberté que laisse l’orchestre à ses musiciens. Sur une semaine type, deux jours complets sont dédiés aux répétitions collectives, avant la répétition générale et les deux uniques représentations. Chaque semaine, le programme change. « Nous devons répéter chez nous, apprendre les partitions sur le temps qu’il nous reste. Nous allons les chercher à la bibliothèque de la Philharmonie, et devons les connaître par cœur avant de répéter avec le reste de l’orchestre. » 

Quotidiennement, les musiciens professionnels viennent répéter dans cette salle de la Philharmonie. Sandra Bouillard / IPJ

Vulgariser la musique classique

Par cœur, c’est-à-dire avec les réflexes nécessaires à la réussite des concerts. « Pour certains programmes, c’est impossible de lire à vue. » Un automatisme qui demande à chaque fois plusieurs heures de travail pour Mathias Lopez. Il avait auparavant passé plusieurs années au conservatoire national de Lyon, avant une audition « à l’aveugle » pour intégrer l’orchestre de Paris. Il se met à chantonner une partie « extrêmement complexe » d’un morceau de Dvorak. « Ça, par exemple, c’est impossible de le reprendre en cours de route si on ne le connaît pas parfaitement sur scène. »

Pour autant qu’il maîtrise parfaitement ce répertoire classique, il a vu la programmation se diversifier depuis quelques temps. « Cela fait partie de la politique de diversification de la Philharmonie. La semaine prochaine, nous jouons un ciné concert sur l’étrange Noël de M.Jack », de quoi attirer les familles alentour. « Nous avons aussi des places à coup réduit pour les étudiants. C’est extrêmement satisfaisant de voir un nouveau public ému aux larmes en sortant du concert. » Satisfait, il se remémore les jeunes bouleversés à la sortie d’une représentation, « c’était la symphonie n°3 de Mahler, ils hallucinaient ».

Sandra Bouillard

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*